Face aux attentes croissantes des acteurs publics et privés en matière de souveraineté numérique, plusieurs initiatives cherchent à proposer une alternative crédible aux géants du cloud. Numspot, jeune plateforme française, entend répondre à ces besoins avec une offre cloud qualifiée, construite avec une logique de transparence, d’ouverture technologique et de conformité.
Pour en savoir plus sur le positionnement, la feuille de route et les premiers retours terrain, nous avons interrogé Éric Haddad, CEO de Numspot depuis mars 2025, et fin connaisseur de l’écosystème IT.
Vous venez de prendre la tête de Numspot. Quelles sont vos priorités et les contours de votre mission ?
Éric Haddad : J’ai rejoint Numspot début mars avec une conviction forte : il y a un véritable enjeu stratégique autour du cloud souverain, à la fois au niveau national et européen. Ce projet m’a parlé immédiatement, au-delà des aspects techniques ou de poste. C’est une mission dans laquelle je me suis engagé pleinement, avec l’objectif de faire émerger un acteur qui puisse répondre concrètement aux attentes des clients — administrations, établissements de santé, OIV, mais aussi entreprises privées avec des contraintes fortes sur la donnée. Nous devons construire une alternative crédible, stable et durable.
La plateforme est encore jeune. À quel niveau de maturité technologique en êtes-vous aujourd’hui ?
Numspot a été fondée il y a deux ans. Depuis, les équipes ont conçu une infrastructure conçue dès le départ pour répondre aux attentes concrètes des acteurs publics comme privés. Ce que j’ai trouvé en arrivant, c’est une plateforme techniquement mature, construite avec des outils récents — notamment en matière de containerisation et d’environnements de développement — mais surtout pensée pour les exigences spécifiques de nos clients.
L’objectif n’est pas d’être simplement à jour technologiquement, mais de proposer une base solide, fiable, conforme aux usages attendus par nos cibles. Nous avons tenu le calendrier annoncé : la console d’administration est disponible comme prévu, et nous démarrons cette première phase de lancement avec des briques d’infrastructure prêtes à l’emploi.
Quels sont les services disponibles dès à présent ?
Nous démarrons avec un socle d’infrastructure : machines virtuelles, stockage objet, gestion Kubernetes via Kube Manager, intégration OpenShift. L’idée est de proposer une montée en charge progressive, avec des services qui seront ajoutés dans les semaines à venir. Nous avons fait ce choix pour garantir la robustesse de la plateforme. L’objectif est clair : délivrer une qualité de service conforme aux standards du marché, en tenant compte des retours terrain, notamment ceux issus de notre phase de test.
Ces retours terrain justement : que vous ont appris les premiers cas d’usage en test ?
Nous avons mené plusieurs expérimentations avec certains de nos clients et actionnaires. Ces tests nous ont permis de valider la stabilité de la plateforme, mais aussi d’identifier des attentes fortes en matière d’ergonomie, notamment sur la console d’administration. Un des cas d’usage portait par exemple sur l’hébergement d’un entrepôt de données, un autre sur la relocalisation d’applications métiers auparavant hébergées hors du territoire. Ce sont des exemples très concrets de besoins que nous pouvons adresser dès aujourd’hui. Ce qui revient souvent, c’est l’exigence de fiabilité, et c’est pour cela que nous déployons les services de manière graduelle.
Votre feuille de route inclut-elle déjà l’enrichissement de la plateforme avec d’autres briques techniques ?
Oui, bien sûr. Dès les prochaines semaines, nous allons introduire des services complémentaires, notamment dans le domaine de la donnée et du backup. Certaines solutions open source sont déjà en cours d’intégration. Nous avons d’ailleurs recruté plusieurs ingénieurs pour accélérer cette phase. L’enjeu est double : apporter davantage de valeur aux utilisateurs, mais aussi fédérer un écosystème technologique cohérent autour de la plateforme. Il s’agit de proposer un environnement cloud complet, dans lequel nos clients peuvent s’appuyer sur des outils diversifiés, mais cohérents, sans dépendance non maîtrisée.
À quel point la question de souveraineté influence-t-elle les décisions des clients aujourd’hui ?
Depuis l’annonce de ma nomination, j’ai reçu énormément de sollicitations, aussi bien de la part d’ESN que d’éditeurs ou de grands comptes. Il y a une vraie prise de conscience, parfois assez soudaine, des enjeux liés à la maîtrise des infrastructures. Et cela ne concerne pas que le secteur public. Des entreprises industrielles ou de services, privées, sont aussi à la recherche d’options fiables, compatibles avec leurs exigences métiers. La souveraineté n’est pas une fin en soi, c’est un cadre qui permet à certains acteurs de regagner en contrôle. Et aujourd’hui, on sent que cette attente devient prioritaire dans de nombreuses directions IT.
Où en êtes-vous sur le plan des certifications, notamment SecNumCloud ?
Notre infrastructure est hébergée en France, chez Outscale, sur une base déjà qualifiée SecNumCloud. Nous avons franchi les étapes J0 et J1, et nous visons la complétude de la certification avec les jalons J2 et J3 début 2026. C’est une trajectoire structurée, qui vise à sécuriser nos engagements auprès de nos clients. Cette qualification fait partie des attentes exprimées par plusieurs acteurs, en particulier dans le secteur public. Il est donc important pour nous de continuer à avancer dans ce cadre.
Votre plateforme étant désormais lancée, comment projetez-vous son adoption ?
Le lancement de lundi est une étape importante, mais ce n’est qu’un début. Nous avons identifié notre cœur de cible — administrations, santé, OIV — mais nous savons que d’autres secteurs peuvent bénéficier de notre approche. Beaucoup d’entreprises veulent éviter d’immobiliser du capital dans des infrastructures internes. Elles cherchent de la flexibilité et souhaitent éviter d’immobiliser du capital dans des infrastructures internes. C’est ce que nous proposons. Et à moyen terme, l’objectif est aussi d’étendre notre présence au niveau européen. Nous allons entamer des discussions avec des partenaires en Espagne, en Italie, en Europe de l’Ouest. Cela fait clairement partie de ma feuille de route, même si c’est plus une perspective 2026 que 2025.
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Propos recueillis par Guilhem Thérond, rédacteur en chef de ChannelBiz.
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