Chaque semaine, la rédaction de ChannelBiz donne la parole à un spécialiste IT et Tech, qui apporte un éclairage plus personnel sur l’actualité et les tendances du Channel. Cette semaine, Nous partageons la tribune de Jessye Boyer, Head of Legal & DPO chez Signaturit Group.
En France, 34% (source PWC) des citoyens ont déjà été victimes de ce type de fraude, souvent sans même s’en rendre compte. Les conséquences sont multiples : pertes financières, détérioration de la réputation des entreprises, et impacts sur la vie privée des particuliers. Pourtant, des solutions existent pour se prémunir contre ces risques croissants. Il est essentiel de comprendre les mécanismes de l’usurpation d’identité et d’explorer les solutions technologiques qui peuvent y répondre efficacement.
Entre 2020 et 2021, les fraudes à l’identité en ligne ont bondi de 112% en France (source : PWC), un phénomène largement amplifié par la digitalisation accélérée des entreprises pendant la crise du Covid-19. À l’échelle mondiale, les pertes financières dues à l’usurpation d’identité pourraient atteindre 206 milliards de dollars d’ici 2025 (source : Juniper). L’absence de renforcement adéquat des systèmes de sécurité pendant cette période a ainsi offert aux fraudeurs des opportunités sans précédent.
Aujourd’hui, les cybercriminels utilisent des techniques de plus en plus variées pour voler des identités, parmi lesquelles figurent le vol de documents, la falsification de données et le « morphing », une technique permettant de combiner des images pour créer de fausses identités. Certains de ces documents sont même obtenus via des réseaux de vente spécialisés accessibles depuis le dark web. À côté des faux documents classiques, on trouve également des documents volés « vierges » ou fantaisistes : des documents officiels, volés mais non remplis, ou encore des documents qui n’existent plus légalement – comme des passeports de la Rhodésie (ex Zimbabwe) ou du Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo) – mais qui peuvent être utilisés par des fraudeurs pour tromper les systèmes et jouer sur la méconnaissance des destinataires. Parmi les documents fantaisistes, certains – comme le « World Passport » – sont en vente libre sur internet et illustrent bien l’inventivité de ces arnaques.
Par ailleurs, les fraudeurs exploitent aussi la légèreté des comportements sur les réseaux sociaux, où des individus partagent parfois des photos de leurs pièces d’identité fraichement reçues. En augmentant leur exposition, ces pratiques favorisent le vol d’identité et exposent les individus à des risques significatifs, notamment le détournement de comptes bancaires ou la création de profils frauduleux sous leur nom.
Face à ces fraudes, certains secteurs sont particulièrement exposés. Outre les banques, le secteur immobilier et l’industrie automobile, où les fraudeurs contractent des crédits ou s’approprient des véhicules sous des identités volées, le BTP et le secteur médical sont également touchés, notamment par la falsification de documents et de diplômes. Cette tendance s’étend aux plateformes de vente en ligne et de location, où les usurpations d’identité sont également en hausse. Les victimes, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises, subissent des dommages financiers, juridiques et réputationnels importants. Pour les entreprises, ce risque touche directement la confiance des clients, devenue un enjeu crucial à l’heure où la sécurité numérique représente un pilier de la relation de confiance et de la réputation.
Plusieurs solutions technologiques innovantes se complètent et renforcent les dispositifs de sécurité. La première ligne de défense repose sur l’automatisation de la vérification des pièces d’identité, rendue possible par l’intelligence artificielle (IA). En analysant jusqu’à 500 points de contrôle sur une pièce d’identité, cette technologie, déjà déployée dans plus de 200 pays, offre une protection efficace contre diverses formes de fraude. Cependant, la simple vérification des documents ne suffit pas toujours face à des techniques sophistiquées comme le morphing ou la falsification. C’est là qu’intervient la reconnaissance faciale, une technologie essentielle qui compare la photo d’un document d’identité à un selfie vidéo pris en temps réel par l’utilisateur. Cette méthode permet de détecter rapidement les tentatives de fraude, en particulier celles où l’image du document a été altérée.
Pour contrer des menaces encore plus avancées, telles que les deepfakes ou autres simulations numériques, la technologie de liveness detection joue un rôle clé. En vérifiant les signes physiologiques de l’utilisateur à travers des défis aléatoires comme des clignements d’yeux ou des mouvements de tête, cette solution garantit que l’interaction se fait bien avec une personne réelle, éliminant ainsi toute possibilité d’usurpation par des artefacts numériques. En complément de ces systèmes automatisés, le PVID (Prestataire de vérification d’identité à distance), certifié par l’ANSSI, combine IA et intervention humaine pour des vérifications plus approfondies des documents. Ce système hybride, particulièrement adapté aux secteurs réglementés, permet à un opérateur humain d’interrompre une procédure en cas de doute, offrant ainsi une couche supplémentaire de sécurité.
Enfin, des initiatives telles que l’identité numérique viennent apporter une solution plus durable et pratique. Par exemple, l’Identité numérique La Poste permet de s’authentifier de manière sécurisée lors de chaque transaction sans répéter le processus de vérification. Avec des projets comme eIDAS 2.0 et le portefeuille d’identité européen, l’objectif est de standardiser et renforcer la confiance numérique à travers l’Europe, facilitant ainsi les interactions numériques tout en assurant un haut niveau de protection contre l’usurpation d’identité. Ces technologies, en synergie, forment un ensemble robuste pour protéger les individus et les entreprises contre les menaces croissantes d’usurpation d’identité dans un monde de plus en plus connecté.
L’usurpation d’identité en ligne est une menace qui continue de croître à une vitesse alarmante. Avec des fraudes toujours plus élaborées et des pertes financières colossales, les entreprises et les citoyens doivent se protéger de manière proactive. Les solutions technologiques de vérification d’identité à distance offrent des réponses adaptées à chaque niveau de risque. En combinant innovation technologique et régulation, notamment avec l’eIDAS 2.0 et l’ID Wallet Européen, il est possible de renforcer la confiance numérique et de lutter efficacement contre les tentatives d’usurpation. Pour les entreprises, l’heure est à l’action : investir dans des systèmes de vérification robustes n’est plus une option, mais une nécessité pour sécuriser leur avenir numérique.
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