« Celui qui te paye, c’est le client, c’est pas le patron » : Portrait de Bruno Barat, un patron pas comme les autres.

Bruno, comment tout a commencé pour toi ?

Je m’en souviens encore : C’était le 1er octobre 1980, chez SEL (System Engineering Laboratories). Je commence technicien d’atelier. C’est dur, je ne comprends pas grand chose… Je regrette rapidement de ne pas avoir plus travailler en cours ! Il faut dire que je venais de rater mon Bac… Mon CV, c’est Bac -1 ! Là, je me rends vite compte que je vais devoir travailler plus que les autres, pour compenser…

Tes 1ers pas dans l’IT ?

C’est une autre date dont je me souviens : Le 16 mai 1983, je créé AB Micro Conseil, avec mon père, André Barat. On démarre à 2, à Vélizy. Mon père, c’est un patron atypique, Avec le recul, j’apprends à vraiment le connaître à ce moment là. Je le vois travailler, j’ai beaucoup de respect pour ce qu’il fait…

Quel souvenir tu gardes de cette période ?

C’est une période avec des souvenirs assez incroyable… Je lâche la technique, et je me concentre sur la vente. On est en 86/87. Je décroche mes 1ers gros contrats, avec Dassault Aviation, Matra Défense. Dassault, je rentre sur le compte grâce à une HP Lasterjet2, que je leur livre moi même, en voiture (rire) ! C’est aussi mon apprentissage de ce qu’est un client Grand Compte : Exigeant, complexe, politique… Mais quand même… Je rencontre Serge Dassault, je rencontre Arnaud Lagardère…

AB Micro Conseil, ce sont aussi tes débuts en tant qu’entrepreneur ?

Oui ! Avec des hauts et des bas ! On tient jusqu’en 92, quand on doit déposer le bilan pour la 1ère fois. Finalement, on réussit à maintenir la boite, on obtient un moratoire. Et puis mon père prend sa retraite, et je continue l’aventure avec mon beau-frère. On monte à 130 personnes, à presque 100 millions d’euros… Et en 2002, nouveau dépôt de bilan. Cette fois, on est racheté par Computacenter. On apporte alors notre culture du Public chez Computacenter : On arrive avec 18 marchés publics, et il y à l’UGAP… Pendant 1 an, tout se passe bien. Après le Secteur Public, je prends la responsabilité du SMB. Sans vraiment trouver mes marques…

C’est à ce moment que tu rejoins ETC ?

Oui ! C’est la fin de mes 20 ans de revendeurs, et le début de 20 ans de grossistes… Jacques Vincent me contacte pour prendre direction commerciale du grossiste ETC Metrologie. Il a besoin de quelqu’un qui représente ETC, auprès des partenaires. Ca tombe bien, j’adore ca, faire du Lobbying – dans le bon sens du terme ! – Auprès des revendeurs et des partenaires…

Tu vas y rester 10 ans ?

Avec ETC, vraiment, je m’éclate ! C’est une période que beaucoup associent au Symposium, qui existe pourtant déjà quand j’arrive chez ETC. Même si j’essaye bien sûr de lui donner un coup de Boost ! On  fait venir Florence Foresti, Laurent Gerra, Jérôme Commandeur, Gad Elmaleh ! Ca va durer jusqu’en 2012, quand Tech Data (TD Synnex) rachète ETC.  Je ne trouve pas forcement ma place au sein de cette nouvelle entité – Même si je m’entends très bien avec les équipes, notamment avec Pascal Murciano !

Comment tu rebondis ?

Ivan Renaudin pense à moi. Il me propose de rejoindre Also. D’abord comme DGA en charge du développement des Solutions. Puis à partir de 2014, en charge de tout le « Front » : Les ventes, les Solutions et le Marketing… Je continue de faire ce que je sais faire. Mon métier, c’est ca, connaître les gens, leur donner envie de bosser avec nous, initier des projets…

Quelque chose que les gens ignorent sur toi ?

J’ai posé 2 fois ma démission, dans des périodes où j’étais pourtant très bien là où j’étais : Une 1e fois pour rejoindre Cdiscount Pro à Bordeaux. Au dernier moment, je ne saute pas le pas, pour des raisons familiales… La 2e fois, pour Rue du Commerce. Je voulais travailler avec Patrick Jacquemin, mais quand je m’aperçois qu’il est sur le départ, je fais marche arrière… Comme quoi…

Ton pilier ?

Ma famille. C’est mon équilibre.

Une citation qui représente bien ta vision du Business ?

Ce n’est pas une citation, mais j’aime rappeler que “celui qui vous paye, c’est le client, c’est pas le patron”. C’est un peu provoc’, mais c’est important de toujours mettre le client au centre du Business ! « Back to Business » : C’est comme ça que je vois le Business !

Quelles sont les rencontres qui ont marquée ta carrière ?

Mon père, avant tout. En temps que patron, qu’Homme, au delà du père… Je l’ai vraiment découvert vraiment sur le tard, en travaillant avec lui… Et pour la relation humaine, beaucoup de personnes, mais je devais n’en citer que deux, je dirais : Eric Lallier, que j’ai connu lorsqu’il était commercial Grand Comptes HP il y a 30 ans. Et Alain Carpentier : que j’ai connu lui aussi lorsqu’il était chez HP,  côté Print. Il est maintenant Senior VP Worldwide Sales chez Aruba.

Aujourd’hui, qui t’impressionne le plus, dans l’IT ?

J’ai un profond respect pour ceux qui investissent leur argent. Ca change beaucoup de chose, et ca se voit… Sacha Rosenthal, avec XEFI ; Pieric Brenier, avec Koesio; Nicolas Leroy-Fleuriot, avec Cheops… Et pourtant j’ai très peu travaillé avec eux lors de mes passages grossistes !

Un souvenir qui te rend fier ?

Quand je privatise le château de Versailles, avec Also ! C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps. Ca n’avait pas été possible avec ETC : Le Symposium réunissait trop de monde, Versailles n’était pas adapté. Quand je lance l’Also Day, on lance quelque chose de nouveau, donc on est moins nombreux – même si je suis toujours ambitieux ! Et on est 1000, ce soir là. C’était un pari un peu fou, mais tout le monde me connaît, tout le monde m’a suivi, tous nos constructeurs, nos éditeurs… Et nos suspects/prospects/clients : Un vrai beau moment !

Parmi tous ces beaux moments, il y a aussi des moments plus difficile…

Je n’ai pas de soucis pour en parler… Le 19 jan 2021, à 16h : J’apprends que j’ai un cancer du pancréas. Je fais un tour sur Google… Et je décide que je vais me battre. A ma façon forcement… Alors je partage tout ca sur Linkedin, sans aucun filtre… Ca surprend pas mal de monde, mais il faut savoir que je n’ai pas Instagram, je n’ai pas Facebook… C’est ma façon d’affronter ca… Et je créé aussi un groupe Wattsapp, avec 80 personnes de l’IT.

Le projet qui t’anime, en ce moment ?

Team4B ! Avec Team4B, j’ai l’envie de redémarrer quelque chose. Et j’ai l’envie de faire ca avec mon fils – Max – De partager ca avec lui, comme j’ai partagé AB Micro Conseil avec mon père… Team4B, c’est pour Team For Business. Mais aussi pour 4 Barat : Pour ma femme, mes 2 fils, et moi. Quelque part, je compense les 3 dernières années, entre la Covid et mon cancer… J’ai 40 ans d’expérience. 20 en tant que revendeur, 20 comme grossiste. Et ceux qui me connaissent le savent : « Quand j’y crois j’y vais ». Alors, maintenant, je fonce…

Un dernier conseil pour ceux qui commencent dans le Commerce ?

Toujours mettre l’humain en priorité, la relation humaine. Avant de construire le Business, il faut apprendre à se connaître. Quand tu discutes avec les gens, tu arrives toujours à trouver des idées… Et puis des choses simples : rester en contact avec les gens. Les décevoir le moins possible. Respecter ses engagements…

Le mot de la fin : Le meilleur produit du marché ?

« Le meilleur produit, c’est celui que je vends » (rire)

Un bonheur ?

Une santé quasi retrouvée. 40 ans d’embauches, de relationnel, d’amitiés, d’engueulades, de projets et de business, que j’ai ressenti lors de mon cancer et que je ressens maintenant dans l’aventure Team4B. Les gens sont là… Et merci à eux…

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