Accusé d’abus de position dominante sur le marché européen des comparateurs de prix, Google écope d’une amende antitrust plus de deux fois supérieure à celle infligée au fondeur Intel en 2009. Les fournisseurs de solutions pour entreprises ne s’affolent pas.
C’est une sanction qui n’effraie pas – encore – les partenaires de Google. La firme de Mountain View (Californie) écope d’une amende de 2,42 milliards d’euros. C’est plus de deux fois la somme imposée à Intel en 2009 (1,06 Md€). Dans l’affaire Google, la Commission européenne estime que l’entreprise bafoue les règles de concurrence de l’Union européenne sur le marché des comparateurs de prix via son moteur de recherche.
« Google a abusé de sa position dominante sur le marché des moteurs de recherche en favorisant son propre service de comparaison de prix dans ses résultats de recherche et en rétrogradant ceux de ses concurrents », déclare par voie de communiqué Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence. « Ce que Google a fait est illégal au regard des règles de concurrence de l’UE. L’entreprise a empêché les autres sociétés de livrer concurrence sur la base de leurs mérites et d’innover. Et surtout, elle a empêché les consommateurs européens de bénéficier d’un réel choix de services et de tirer pleinement profit de l’innovation.»
Google aurait utilisé des algorithmes de recherche générique pour les services tiers. Mais pas pour son service de comparaison de prix (Google Shopping, depuis 2013) épargné par les rétrogradations. « Depuis que chaque abus de position dominante a commencé, le trafic du service de comparaison de prix de Google a été multiplié par 45 au Royaume-Uni, par 35 en Allemagne, par 29 aux Pays-Bas, par 19 en France, par 17 en Espagne et par 14 en Italie ». Les « rétrogradations » appliquées à des services concurrents de comparaison de prix, à l’inverse, ont entraîné « des chutes soudaines du trafic » vers certains sites concurrents, « de l’ordre de 85% au Royaume-Uni, et jusqu’à 92% en Allemagne et 80% en France », souligne la Commission.
Les milliards d’Alphabet
La sanction tombe près de 7 ans après l’ouverture de l’enquête, en novembre 2010. Google a maintenant 90 jours, à compter de la décision du 27 juin 2017, pour mettre fin à la pratique incriminée. À défaut, la firme risque l’astreinte. Celle-ci peut atteindre 5% du chiffre d’affaires journalier moyen, mondial, réalisé par sa maison mère : Alphabet.
Par ailleurs, la Commission rappelle que le groupe fait l’objet de deux autres procédures en Europe, l’une concerne l’OS mobile Android, l’autre le service publicitaire AdSense. Mais une multinationale peut affronter ces procédures longues et coûteuses. En 2016, Alphabet a généré 90,3 Md$ de chiffre d’affaires et 19,5 Md$ de bénéfices…
Des VARs à l’abri du B2B
Aux yeux de professionnels de la distribution IT, l’amende record infligée à Google pourrait affecter des annonceurs et des commerçants en ligne ciblant le grand public. En revanche, elle aurait peu, voire pas d’impact sur les fournisseurs de solutions et revendeurs informatiques à valeur ajoutée (VARs) actifs sur le marché des entreprises.
« Nous devons façonner notre destinée plutôt que de nous appuyer sur des moteurs de recherche qui dicteraient à quoi les solutions de qualité et les prix devraient ressembler », explique à CRN Bob Venero, président et fondateur du fournisseur américain Future Tech Enterprise Inc.
Google va faire appel
De son côté, Kent Walker, vice-président et avocat général de Google, estime dans un billet de blog que la Commission européenne « sous-estime » la valeur qu’apporte le moteur aux internautes en leur permettant d’accéder rapidement et facilement aux produits de leur choix. Il ajoute que « des milliers de marchands européens utilisent les publicités du service pour concurrencer de grandes entreprises comme Amazon et eBay ».
En désaccord avec la décision européenne, Google se prépare donc à faire appel.
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