Par Fabrice Coquio, président d’Interxion France
A la base de la pyramide des systèmes d’information, les data centers sont des actifs clés contribuant fortement au bon développement des entreprises. La construction et l’exploitation d’un data center représentent un investissement qui ne cesse de s’accroître au fur et à mesure des évolutions technologiques, environnementales et normatives. Certaines entreprises optent pour un centre de données en interne tandis que d’autres font appel à des spécialistes de la colocation de data centers. Ce choix est toutefois rarement anticipé. Il est généralement entrepris en réaction à une panne technique ou à un manque d’espace pour héberger de nouvelles machines. En raison de l’augmentation des flux de données, de la virtualisation des postes de travail et de la consolidation des serveurs, de nombreux data centers internes ont déjà atteint le maximum de leur capacité et de leur puissance électrique, poussant les entreprises à envisager une autre option moins onéreuse que la gestion en interne.
Lorsque les entreprises sont confrontées au choix de la gestion en interne ou de l’externalisation, c’est généralement le coût qui fait office d’arbitre. Or sur le terrain, nous constatons qu’un nombre infime d’entreprises, quelle que soit leur taille, est capable d’évaluer précisément le coût de leur data center géré en interne. Pour les directions financières, le casse-tête repose sur la reconstitution de l’actif. Les postes de dépenses sont disséminés entre différentes entités de l’entreprise (services généraux, informatique, immobilier etc.) et la volonté d’optimiser les coûts conduit souvent à négocier des contrats de façon globale. C’est par exemple le cas pour les contrats de maintenance comme la climatisation et la sécurité des accès aux bâtiments. Certains contrats couvrent aussi bien les bornes d’accès à l’accueil de l’entreprise que l’entrée des salles informatiques. Dans ce cas, il est difficile d’identifier précisément la part de coût liée au fonctionnement du data center. De même, d’un point de vue comptable, l’espace occupé par le centre de données n’est pas séparé des autres coûts immobiliers.
A ce flou financier vient s’ajouter une problématique technique qui prend de plus en plus d’ampleur. La gestion d’un data center et sa maintenance opérationnelle ne peuvent plus se résumer uniquement au coût de construction. Or, les entreprises ne sont pas en situation de construction permanente et pas forcément en veille des évolutions technologiques et normatives. Le centre de données est en effet au cœur d’un environnement qui se complexifie de plus en plus et qui requiert donc l’expertise de spécialistes issus de différents domaines (bâtiment, refroidissement, Télécom, électricité, sécurité, informatique). L’exploitation d’un data center est bien un métier d’experts. Trop souvent, les entreprises ne considèrent que le financement de la construction du centre de données et occultent les investissements récurrents qu’implique son exploitation. Il n’est ainsi pas étonnant de voir de grands chantiers accuser plusieurs mois voire une année de retard. Au démarrage de leur projet, les entreprises concernées n’ont, pour la plupart, pas envisagé de faire intervenir tout un réseau de spécialistes externes pour soutenir la construction et l’exploitation du data center. Outre la durée du chantier qui augmente, c’est aussi la facture qui s’alourdit au final.
Pour bénéficier d’une meilleure visibilité financière et assurer une gestion optimale de leur data center, de nombreuses entreprises envisagent dès lors de se tourner vers l’externalisation. Cette solution permet de provisionner plus efficacement les dépenses. Les coûts liés à l’exploitation du data center sont effectivement inclus dans des frais mensuels récurrents qui réduisent les dépenses cachées telles que les coûts de maintenance non prévus et fluctuant au gré des mises à jour techniques et normatives.
Les data centers mutualisés permettent également de gagner en flexibilité car ils évoluent plus facilement en fonction des besoins et du développement des entreprises. Les dépenses en électricité, qui représentent un poste de coût majeur, peuvent aussi être réduites. Les spécialistes de la colocation de data centers achètent en effet d’importantes capacités électriques et s’engagent sur l’efficience énergétique de leurs data centers, permettant ainsi de proposer des tarifs compétitifs, répercutés sur le coût global du data center.
Les économies potentielles peuvent également être envisagées d’un point de vue réseau Télécom et IP. Avec la montée en puissance de la mobilité, les échanges Internet se sont nettement intensifiés. Il est donc capital de pouvoir s’appuyer sur un réseau suffisamment puissant et fiable pour soutenir l’activité.
Un spécialiste de la colocation de data centers, neutre de tout opérateur, est indépendant vis-à-vis des fournisseurs de réseau. Il héberge donc les cœurs de réseaux de plusieurs opérateurs. Par conséquent, les entreprises ont plus facilement accès à un large éventail de fournisseurs et peuvent ainsi faire jouer la concurrence pour bénéficier de tarifs attractifs et d’une performance optimale.
Un centre de données ne doit donc pas être considéré comme une simple salle informatique hébergeant des machines. Si les décisionnaires au sein de l’entreprise continuent de ne considérer que les coûts de construction sans prendre en compte les charges d’exploitation, il est difficile d’envisager une réduction des structures de coûts. Le data center est finalement un vaste écosystème qui est lié à des contraintes (environnementales, normatives, sécuritaires, etc.), certes nécessaires, mais qui viennent alourdir toujours plus les coûts. Cet environnement particulier implique de nombreux domaines d’expertise ne pouvant être gérés que par des équipes de spécialistes en veille permanente, compétentes pour suivre l’évolution des normes et des technologies afin de dessiner le data center de demain.
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