Par Pierre-Antoine Thiebaut, VP Marketing d’Alcatel-Lucent Enterprise
La notion d’entreprise mobile a longtemps été confondue avec celle, plus limitée, de mobilité géographique. L’impératif de « mobilité en toute sécurité » a toujours été une question importante des entreprises mais l’accélération des technologies, leur standardisation et la transformation des modes de consommation des solutions IT font souvent de cette question le cauchemar des DSI. Les utilisateurs ne réclament plus seulement les outils jugés indispensables à leur activité, mais également des solutions simples au service de leur efficacité professionnelle, prenant en compte les paramètres de leur mode de vie personnel.
Comment définir l’entreprise mobile en 2013 ?
Il y a encore 6 ou7 ans, cela se limitait en grande partie à la fourniture par les entreprises de terminaux mobiles aux employés « méritants », et au déploiement à grands frais des bornes WiFi lourdes et limitées dans les salles de réunion. Le gap entre mobilité interne (représentée par le robuste DECT) et externe (avoir un BlackBerry, signe de réussite sociale) s’est alors créé. Il est indéniable que chaque évolution technologique a apporté un bénéfice immédiat aux employés en leur donnant accès aux ressources réseau, aux serveurs de données et à certaines applications métiers souvent propriétaires.
Mais le terminal mobile ne fait pas l’entreprise mobile. L’entreprise mobile est une entreprise qui sort de ses propres frontières et qui met en place les solutions et les process permettant d’accroitre l’adaptabilité des organisations, de simplifier l’accès aux données et aux applications mais surtout de favoriser les interactions entre employés, clients, partenaires et fournisseurs, indépendamment de la localisation géographique.
Il y a aujourd’hui deux approches pour le DSI en fonction des priorités et des possibilités de l’entreprise.
La vision tactique qui permet facilement d’accroitre l’efficacité de ses employés mobiles et de réduire certains coûts. Les solutions sont nombreuses, faciles à mettre en œuvre et parfaitement maitrisées : numéro unique fixe/mobile, appel par le nom, accès aux annuaires, conférences, VPN, accès email … La communication est alors centrée autour du terminal et le service dépendant de ses fonctionnalités propres. Il s’agit d’une approche « pragmatique » qui nécessite dans la plupart des cas une simple mise à jour de ses systèmes de communication existants.
La vision stratégique est bien entendu plus ambitieuse et plus long terme. Elle s’adresse à toute l’entreprise en fonction de chaque profil utilisateur (et non plus seulement les commerciaux). Son objectif est avant tout de créer un avantage compétitif significatif, d’engager une relation différente avec ses clients, voir même d’ouvrir de nouveaux marchés. Il s’agit alors de « conversation » et plus seulement de « communication ». Cette approche est totalement centrée sur l’utilisateur et l’usage, et non plus sur son terminal préféré. Cette option stratégique nécessite de repenser la chaine de valeur et l’upgrade des systèmes et réseaux existants vers la nouvelle génération. La capacité du constructeur à proposer une évolution douce, et de son partenaire d’accompagner ce changement, sont bien entendu un critère majeur de choix.
Comment transformer son entreprise pour la « mobiliser » ?
Une entreprise mobile est donc une entreprise agile qui met l’utilisateur au centre et qui cherche à lui offrir le don d’ubiquité grâce à des solutions IT et réseaux développées dans cet objectif dès l’origine.
Cela nécessite de mettre en place une transformation cohérente de bout en bout, résumée dans l’acronyme ADN : Application, Device (terminal physique) et Networks (réseaux). La mobilité est l’ « ADN » des entreprises mobiles.
Applications : La centralisation, la virtualisation et la « cloudification » des applications est le métier du DSI. Il y aura un avant et un après les « tablettes tactiles » et le fameux slogan « il̈ y a une application pour ça » créé par Apple. De fait, la grande nouveauté pour le DSI est l’irruption d’une obligation incongrue jusqu’alors : la prise en compte du mode de vie personnel et des habitudes de ses utilisateurs. La véritable valeur s’est déplacée du terminal roi, vers des services adaptés à chaque usage et à l’accès universel aux contenus. Chaque utilisateur va donc, en permanence, mixer l’accès à ses applications professionnelles mais également à ses applications personnelles sur le même terminal, sans aucune contrainte de temps et de lieu. Après l’ère du PC, les entreprises entrent donc dans une nouvelle ère : l’ère du Personal Cloud.
Device : Le PC (Personal Computer) n’est certainement pas mort. Par contre, il n’est plus le point central d’accès aux données et applications : il est aujourd’hui un parmi beaucoup d’autres. Chaque terminal est une interface d’accès plus ou moins performante aux services centralisés en fonction de ses capacités intrinsèques (vidéo par exemple). Différence fondamentale entre « communication » et « conversation », l’utilisateur utilise chaque terminal en fonction de ses propres critères de choix (taille de l’écran, performance vidéo, confort d’utilisation, qualité audio …) mais souhaite s’affranchir de ses limites (changement de contexte, nouveau média, déplacement en cours de conversation, nouveaux participants, partage de documents …). Représentant des plateformes de nouvelle génération, des solutions ont été imaginées et développées dans cette direction : un système ouvert, indépendant du terminal et du média et pouvant être déployé au sein des entreprises ou dans le cloud.
Network : La question n’est plus seulement de sécuriser les accès mais de garantir la qualité de l’expérience utilisateur en fonction de son profil, de ses droits et de la criticité des applications. L’exemple de la vidéo est représentatif : tout le monde s’accorde pour dire que la vidéo va consommer 80% de la bande passante. Mais comment différencier, au sein d’un hôpital, le flux YouTube des visiteurs, la VoD des patients, la vidéo-surveillance IP et la vidéochirurgie ? Le réseau est au service de la fluidité des applications. Cela implique tout d’abord d’effacer les anciennes contraintes de technologies avec des solutions d’accès unifié permettant d’offrir une expérience « sans couture », que l’accès soit fixe ou wifi, en prenant des décisions uniquement basées sur le profil utilisateur.
Trop de technologies ont échoué car non déployables par des équipes restreintes. Voilà la réalité du DSI et du responsable réseau. La simplification du management est bien entendu la clé qui permet la réalisation de telles ambitions.
Le maitre mot en 2013 d’Alcatel-Lucent Enterprise « Make It Personal » résume le challenge auquel fait face l’entreprise : se projeter vers le personal cloud et devenir une entreprise mobile repose sur l’ambition d’un homme, son DSI, et sa capacité à sortir des frontières établies.
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