Changement stratégique majeur pour Lexmark qui vient de décider l’arrêt de la fabrication d’imprimantes et multifonctions à jet d’encre. Une mesure qui s’accompagne de la suppression de 1 700 emplois.
L’industrie IT tangue sous les impacts répétés de la crise économique mondiale. Et si le secteur de l’impression n’est pas le plus sinistré, tous les fabricants d’imprimantes éprouvent peu ou prou des difficultés liées à ce contexte, mais aussi parfois à des erreurs stratégiques ou de timing…
Bien décidé à changer d’univers en s’éloignant de plus en plus du « mass market » pour cibler les besoins des entreprises, notamment les plus grandes d’entre elles en plus du SMB, Lexmark vient de vivre un très mauvais dernier trimestre avec une chute de 35% de ses ventes de matériels jet d’encre et de consommables. D’autant qu’en parallèle ses revenus globaux trimestriels baissaient de 11% !
Face à cette situation, la réponse du fabricant américain de Lexington (Kentucky) n’est pas dans la demi-mesure… Lexmark décide ainsi d’arrêter la fabrication de modèles à technologie jet d’encre, de fermer en conséquence à l’horizon 2015 son site de production de Cebu (Philippines) et ne serait pas opposé à la vente de ses technologies ad hoc.
Reste que la conséquence est une fois de plus humaine : une coupe claire dans les effectifs. Ce sont 1700 salariés dans le monde qui vont rester sur le carreau, soit 13% de son effectif.
Si l’on en croit la simulation de la direction, cette « réorganisation » devrait se traduire à long terme par une économie annuelle frisant les 100 millions de dollars d’économie (95 millions sont évoqués). Une fois passée la phase de provisions pour ce programme drastique d’économie qui s’élèverait à 160 millions de dollars (dont l’essentiel en 2012).
Récemment, Lexmark avait déjà annoncé son intention de se retirer du marché grand public. Marché où, paradoxalement, il avait rencontré un certain succès, notamment avec ses modèles multifonctions couleur, au profit de produits à plus forte valeur ajoutée et d’une stratégie globale englobant services et hardwares au service des entreprises, notamment les plus grandes d’entre elles…
Présentée comme « des décisions difficiles nécessaires pour redresser notre rentabilité et faire des économies significatives », par le CEO Paul Rooke dans le communiqué officiel de la firme, la réorganisation s’accompagne d’une volonté de recentrer sur des solutions d’impression plus haut de gamme, comme les imprimantes laser, les logiciels d’impression et les services.
Un impact économique fort dans l’immédiat.
Les provisions passées par Lexmark pour se désengager du jet d’encre vont se traduire par une dégradation rapide de sa rentabilité après un exercice précédent au cours duquel il avait pu dégager un bénéfice net de 321 millions de dollars sur un chiffre d’affaires mondial consolidé de 4,2 milliards de dollars. Sans surprise, l’action a été chahutée dès les premières cotations à Wall Street suivant l’annonce de ce plan.
Au cours des six derniers mois, la valeur du titre a été divisée par deux (de 38 dollars en février, elle ne valait plus que 19 dollars mardi matin au premier fixing). Le groupe, pour calmer le jeu et colmater la voix d’eau, a du reste décidé d’accroître son programme de rachat d’actions à hauteur de 100 millions de dollars…
Pas sûr que cela suffise pour permettre à Lexmark de retrouver une mer d’huile, bien que la firme américaine ait donc décidé de jeter l’encre…
Adaptation d’un article rédigé initialement pour ITespresso.fr