C’est probablement le dernier coup d’éclat de Paul Maritz avant qu’il ne quitte la tête de VMware. Le géant de la virtualisation s’offre Nicira, le spécialiste n°1 – il est quasi-seul sur ce terrain – de la virtualisation du réseau. De quoi prendre une avance définitive sur ses concurrents ?
Pourquoi l’acquisition de Nicira est-elle un acte majeur pour VMware ?
VMware virtualise le serveur, le stockage et jusqu’au poste de travail, et pilote l’ensemble. Il le fait bien, même si c’est cher ! Il manque cependant une brique à l’ensemble pour aller jusqu’au bout de la démarche ; la virtualisation du réseau. C’est désormais chose faite. VMware devient le seul acteur à couvrir et virtualiser l’ensemble des stacks physiques du datacenter. De plus, dans l’évolution logique des infrastructures dans le nuage, la transformation des réseaux physiques en réseaux IP virtualisés va s’imposer de facto. L’acquisition de Nicira est donc plus qu’une bonne affaire technologique pour VMware : c’est un axe de déploiement stratégique.
Le paysage industriel des IT pourrait même être modifié en profondeur, dans la continuité de la virtualisation. VMware avec ses solutions de virtualisation du datacenter associées au cloud computing est venu jeter un pavé dans la marre des fabricants de serveurs et de stockage. Avec Nicira, la gestion du réseau devient non plus une question d’infrastructure physique, mais de gestion d’une infrastructure virtualisée qui place directement VMware en concurrence avec les équipementiers, pour lesquels l’acquisition pourrait bien ressembler à une mauvaise surprise !
De plus, Nicira s’appuie (lire plus haut) sur des technologies ouvertes, OpenFlow et Open Stack. Donc seuls les équipementiers qui les ont adoptées (plus ou moins dans l’immédiat, le marché est en pleine mutation) pourront tirer parti du déploiement d’une solution VMware complète, lorsque Nicira sera intégré au portefeuille de l’éditeur.
L’acquisition vient enfin confirmer la migration de l’industrie IT du hardware (matériel) vers le software (logiciel). Initiée par IBM, suivie par HP et plus récemment Dell, également alimentée par Microsoft, cette migration est un mouvement de fond qui n’a pas fini de faire des vagues. Dans le cas de Nicira, elle pourrait bien faire très mal, car, en dehors de Cisco qui développe un projet SDN (Software-Defined Networking), mais qui est très loin de l’avancée majeure de Nicira (et ne réussit pas à se détacher de son approche de déclinaisons du VPN. On ne se refait pas comme cela !), il n’y a guère que de rares start-ups de la Valley à pouvoir peut-être rivaliser, à l’exemple de Big Switch Network. Qui donc sera assez futé pour se l’offrir, celle-là ? Après l’opération Nicira, les enchères vont grimper ! Ou alors peut-être du côté d’un Brocade, qui veut faire parler de lui… nous irons y jeter un œil en septembre.
1 milliard de dollars, c’est cher, mais cela vaut le coup…
50 millions de dollars levés auprès d’investisseurs et quelques années de développement pour finalement encaisser plus d’un milliard de dollars (1,26) afin de rejoindre le géant de la virtualisation VMware… Décidément Nicira était bien la start-up à suivre. Et encore une fois des investisseurs majeurs ont eu le nez creux. Citons Andreessen Horowitz, Lightspeed Venture Partners, AEN, Diane Greene (cofondatrice de VMware) et Andy Rachleff (fondateur de Benchmark Capital).