Deux thèmes (Cloud et Big Data) sont au cœur des très nombreuses annonces (42) d’EMC World 2012. Un cru qui s’annonce exceptionnel avec pas moins de 13 000 visiteurs attendus ! La confirmation de la place incontournable du stockage de données, qu’EMC entend désormais traiter en mode Hybrid Cloud Computing.
Par notre envoyé spécial à Las Vegas, Yves Grandmontagne
Si on connait bien l’étendue du portefeuille d’EMC – stockage, sauvegarde, virtualisation et gestion – la masse des annonces (42) effectuées au cours de cette édition 2012 d’EMC World à Las Vegas (Nevada), et les environnements sur lesquels elles s’appliquent, viennent démontrer la tentative du géant du stockage d’imprimer au marché une nouvelle vision du stockage et de la sauvegarde des données.
Transformer le business
Pat Gelsinger, Président et COO de la division Information Infrastructure Products d’EMC, est clair : « l’apport d’une infrastructure IT flexible améliore la capacité à fournir des services et permet à nos clients de constater l’émergence du bénéfice des infrastructures cloud et de monétiser la valeur de ces infrastructures. »
Il affirme du haut de la scène : « Big Data is the killer app of the future ». Tout est dit !
EMC affiche du reste une vision du Big Data qui fédère des pools de données s’affichant en téra ou en péta-octets, quelles soient structurées et non structurées. Une vision de la transformation du business qui place la firme américaine face à la « nécessité de se transformer » afin d’amener ses clients à passer du stockage physique au cloud.
« Nous devons changer comment nos clients utilisent nos technologies… Transform IT, transform business, transform yourself ! » Au-delà du slogan et des invocations, le message est d’importance et signe le vrai début d’une mutation profonde du secteur à l’heure aussi du Cloud triomphant…
Focus sur l’Hybrid Cloud Computing
Brian Gallagher, Président de la division enterprise storage d’EMC (Symmetrix), a lui abordé la vision du fabricant en matière de Cloud hybride. Il explique : « Nous devons donner aux utilisateurs la flexibilité de choisir ce qu’ils veulent, d’exécuter leurs applications sur un datacenter ou dans le cloud. Et pour cela nous devons rendre le datacenter plus puissant. »
Parmi les annonces de sa division figure l’évolution de la famille VMAX (déjà évoquée dans les colonnes de notre confrère Silicon.fr), qualifiée de « fast, faster and fastest ».
EMC introduit aussi des disques flash MLC. Des disques qui, face au SLC et à performances égales, affichent un prix inférieur de plus de 80 % et une consommation en baisse de 20 %.
L’avenir est au flash
Pour Rich Napolitano, Président de la division Unified Storage, l’annonce du VNXe 3150, qui cible principalement le marché du milieu de gamme, est l’occasion rêvée de proposer un point rapide sur l’apport du flash – VNXe 3150 peut embarquer jusqu’à 25 disques durs ou SSD – sur les performances et capacités par rack augmentées de 50 %. « Nous ne sommes qu’au début du déploiement de flash sur nos solutions. Il va transformer le stockage d’entrée de gamme ». Quand il parle d’entrée de gamme, il faut bien évidemment bien comprendre cela en version EMC !
Voir à ce sujet l’article sur le rachat par EMC de la startup israélienne XtremIO.
Sauvegarde : la fin de la bande ?
BJ Jenkins, président de la division backup recovery systems d’EMC a exposé ensuite le positionnement et les annonces de la firme dans le domaine de la sauvegarde.
Sur un marché évalué en 2011 à 927 474 To, dont 64,7 % reviendraient à EMC, devant Symantec, IBM, HP, Commvault, CA et Quantum, une première grande tendance se dessine. Prenant avantage de la déduplication, le disque continue de remplacer la bande. Multipliant les appliances de sauvegarde (backup), plus de 1 000 grands clients d’EMC auraient déjà abandonné la bande. Par ailleurs, la sauvegarde s’accompagne désormais de produits de sécurité qui prennent une part de plus en plus importante dans l’activité de la division.
Côté annonce, la division backup, qui compte dans son portefeuille les deux géants du domaine, Data Domain et Avamar, s’est enrichie d’un nouveau système de déduplication destiné à accélérer la sauvegarde, Data Domain DD990. Un système capable d’ingérer 248 To de sauvegarde en 8 heures, et d’accueillir sur le long terme jusqu’à 65 Po de données ‘archivées’.
Deux nouveaux logiciels accompagnent l’annonce, Data Domain Boost qui facilite l’intégration de la déduplication en offrant une alternative au traditionnel VTL via une interface NFS/CIFS, et Data Domain Retention Lock, nouveau système d’archivage et de gouvernance interne des données stockées. Quant à Avamar, première solution de déduplication du marché, acquise voici plusieurs années, elle se dote d’une version 6.1 qu’EMC affirme être trois fois plus rapide sur la sauvegarde et 20 fois sur la restauration. Elle offre également de nouvelles fonctionnalités pour s’intégrer à vSphere de VMware.
Un nouvel OS pour le stockage scale-out d’Isilon Systems
Acquis il y a deux ans par EMC, Isilon continue de faire son trou et de se développer… vers le milieu de gamme (midrange) et le Big Data. Sans pour autant viser les PME, comme l’a clairement indiqué Sujal Patel, président de la division Isilon Storage. Ce dernier a rappelé qu’EMC est numéro 1 dans le NAS, et qu’Isilon grossit six fois plus vite que son principal concurrent, NetApp.
Au delà du midrange, l’objectif d’Isilon est clairement le Big Data : « Le monde du Big Data est familier à Isilon. Nous nous situons à la convergence des deux mondes du stockage, le Big Data et l’IT d’entreprise. […] Notre vision de la convergence s’appuie sur le scale-out d’entreprise. Le stockage local, l’archivage, l’analytique, la virtualisation, sont autant d’opportunités à saisir. »
Pour accompagner sa stratégie, Isilon annonce son futur OS baptisé « OneFS Mavericks ». Il sera disponible au second semestre 2012. « C’est pour nous une incroyable opportunité de transformer l’IT, avec un focus sur la sécurité, l’administration basée sur les rôles, l’isolation sécurisée avec des zones d’authentification, une nouvelle restauration des snapshots. L’architecture logicielle SyncIQ de réplication pour réduire le risque, des performances adaptées au Big Data, un niveau d’intégration de VMware plus avancé et la plateforme OneFS REST-API. »
Global Services, chez les clients et les partenaires
Dernier domaine à s’afficher en ce premier jour d’EMC World : les services, avec Howard Elias en vedette, Président et COO de EMC information infrastructure & cloud services.
La division Global services occupe une part de plus en plus importante dans les revenus d’EMC.
Elias explique : « Les services sont une activité clé pour nos clients et partenaires. Ils représentent aujourd’hui le plus gros investissement d’EMC. […] Notre mission est de trouver les usages pour nos nouvelles technologies et de les rendre accessibles à nos clients, en nous appuyant sur notre expertise dans le déploiement des technologies EMC et leur intégration dans leurs environnements. »
Une autre activité clé de Global services, part désormais importante de la division, porte sur la formation. « Pour accompagner le succès de nos clients et de nos partenaires », lance Howard Elias, avant d’apporter une réponse qui lui semble importante : « Pour aider nos partenaires à tirer avantage du paradigme du cloud ».
L’occasion sans doute de rappeler sans l’évoquer qu’EMC cherche à multiplier les ventes indirectes, relai de croissance pour le groupe. Ou pour rattraper les activités perdues chez Dell ? Quant à l’avenir de l’offre : « Nous avons introduit flash dans chaque partie de notre continuum. Nous avons une réflexion avec VMware pour étendre notre technologie in memory et piloter la donnée sur le serveur comme sur le stockage » . Et le cloud ? « Toutes les entreprises que je connais construisent leur cloud privé. Elles vont devoir réarchitecturer une large portion de leur système d’information ». La division services n’est pas prête de chômer…
L’acquisition de Syncplicity pour le partage et synchronisation de fichiers
La division Information Intelligence d’EMC, principalement construite autour de la gestion de contenu Documentum, consolide son portefeuille avec Syncplicity, une solution de synchronisation et de partage de fichiers dans le cloud dotée de fonctions de sécurité et d’administration de niveau professionnel.
La grand-messe du numéro un mondial du stockage est traditionnellement l’occasion de glisser quelques annonces d’acquisitions. Cette version 2012 ne déroge pas à la règle. EMC a donc annoncé le rachat de cette solution de synchronisation et de partage de fichiers dans le cloud, à la Dropbox, mais en version professionnelle, c’est-à-dire avec un package de sécurité à l’appui.
Même si la solution est déployée sur un cloud public, avec en particulier une offre gratuite pour attirer rapidement de nouveaux clients, Syncplicity se distingue nettement de ses concurrents en proposant un ensemble de fonctionnalités digne d’un outil de niveau professionnel.
Il s’agit tout d’abord d’outils d’authentification, qui supportent les annuaires d’entreprise Active Directory, OpenID ou SAML. Mais également d’outils de gouvernance, avec l’administration, l’audit, le reporting. Sans oublier le support de la mobilité, dont une option d’effacement des données à distance.
Quid du projet Octopus ?
L’assistance d’EMC World semble cependant moins interpellée par cette acquisition que pleine d’interrogations sur la stratégie du groupe en la matière. La filiale VMware, monstre dédié à la virtualisation, ne travaille-t-elle pas déjà sur le projet Octopus dont la finalité est la même que celle de Syncplicity : le partage et la synchronisation de fichiers dans le cloud en version entreprise.
Ce, bien qu’il y ait quelques différences notables à la clé, dont l’intégration à Zimbra et VMware View ce qui en fait un produit de cloud privé. Mais cette différence, de cible plus que de technologie, justifie-t-elle deux produits au catalogue du géant ? A suivre…