Un communiqué de presse de l’analyste de marché Canalys explore l’avenir des retailers de produits électroniques grand public (EGP)*. Il prédit un cataclysme pour les chaines existantes. « Un bon innovateur trouvera peut-être une façon de créer un point de vente de nouvelle génération qui pourra vendre des produits d’électronique grand public tout en offrant de nouvelles expériences, mais il est plus probable que la majorité des chaines de vente d’EGP des marchés développés disparaitront dans les cinq ans à venir« , assure Alastair Edwards, Analyste Principal chez Canalys.
Les marchés américains et européens sont concernés. Alastair Edwards enfonce le clou en évoquant même le nom de l’un des fleurons de la distribution high-tech nationale : « Le futur des multispécialistes, comme la très respectée FNAC en France, semble aussi sombre que celui des entreprises plus concentrées sur le hardware. Les revendeurs d’EGP offrent désormais peu d’avantages aux consommateurs. Ils conservent un attrait pour la population des gens incapables ou indésireux d’acheter en ligne, qui est en rapide diminution. Ils permettent les achats d’impulsion et permettent à quelqu’un de retirer un produit immédiatement, au lieu du jour suivant. C’est à peu prêt tout. »
Internet killed the CE retail stars
Deux causes sont mises en avant pour expliquer ce désamour du public. D’abord, les sites de e-commerce, qui jouent sur les recommandations de la communauté (les commentaires et les notes), les catalogues, les tests produits, les prix et la livraison. Le P-DG de Canalys, Steve Brazier, explique que « les consommateurs d’aujourd’hui sont même prêts à chercher un livre dans une librairie locale et ensuite le commander sur Amazon pour un prix plus élevé, simplement parce qu’ils veulent qu’Amazon comprenne leur librairie complète, et optimise ses futures recommandations. C’est plus que du « showroom » – c’est une transformation radicale de la perception qu’ont les consommateur de ce qui a de la valeur. »
De l’autre côté, les grandes surfaces possèdent les situations géographiques et les places de parking, ce qui les rend pratiques côté clients pour la récupération des objets les plus volumineux. Par ailleurs, les ventes en volumes et à marge réduite que ces grands magasins réalisent, induisent un maximum de produits vendus à prix plancher. N’oublions que les grandes surfaces bénéficient aussi de bons outils informatiques, sont parfois en mesure d’offrir les livraisons à domicile et restent dans de nombreux pays le meilleur moyen pour écouler de larges stocks.
Game over pour les revendeurs « physiques » ?
Selon Canalys, la bataille du e-commerce est d’ores déjà perdue pour les revendeurs n’ayant pas encore franchi le rubicond et su imposer leur site sous leur propre marque (ils sont peu nombreux). La tendance s’étant amorcée il y a 15 ans, il serait trop tard pour tenter une percée. Et chercher une bouée de sauvetage dans les pays émergents est vain, assure Alastair Edwards : en Chine, les ventes sur Internet sont déjà le canal de distribution le plus en croissance.
Mais il reste un espoir, selon le cabinet pour ne pas rejoindre la cohorte des Surcouf, Best Buy Europe, CompUSA et Circuit City : s’inspirer des Apple Store. Si le modèle de la pomme repose sur une marque très forte et des produits iconiques, le principe du showroom « ouvert » et convivial est reproductible.
Retail Wars : A New Hope
Créer un showroom va nécessiter à coup sûr une participation plus importante des vendeurs, la possibilité de réunir et mettre en valeur les meilleurs produits de différentes marques reconnues, et une montée en gamme des espaces de vente. Les chalands y seront attirés par autre chose que les produits : des évènements culturels ou éducatifs, des invités connus, des concerts ou dédicaces; ou bien simplement des endroits relaxants; de la restauration, ou des occasions de rencontres ; des emplacements prestigieux et un service de vente personnalisé qui donne un accès idéal pour les meilleurs produits et accessoires.
Le tout doit être aussi intégré que possible avec les magasins en ligne (en particuliers ceux des marques, qui enregistrent beaucoup plus de visites qu’on ne le pense), mais en offrant des services uniques impossibles à reproduire sur Internet.
Selon Canalys, bien peu y arriveront. « L’attractivité des Apple Store pourrait être plus un produit de leur contrôle sur leur marque et l’expérience consommateur que d’avoir quoi que ce soit à voir avec l’économie du business de la distribution, » explique le communiqué. « D’ici 2020, de nombreux centre-villes seront très différents d’aujourd’hui, avec la disparition de nombreux revendeurs célèbres. »
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* Article modifié le 23/4.
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