La plus grande dérive dans le piratage, c’est « l’automatisation » et « l’industrialisation » des attaques. C’est ce qui ressort, entre autres, du rapport que Imperva vient de publier sur l’évolution des attaques informatiques en étudiant la « popularité » des fils de discussion liées aux attaques sur un forum fréquenté de pirates (250 000 membres).
Sans surprise, les assauts par déni de services (DoS ou déclinaison DDoS) restent l’arme privilégiée des hackers. Le fournisseur de solutions de protection des données considère que ce type d’offensive reste la stratégie de prédilection des pirates (22 % des discussions) qui cherchent à faire leurs armes comme le groupe de hacktivistes LulzSec, désormais dissous.
Derrière les attaques DDoS, qui consiste à bombarder un serveur de site Web de requêtes en vue de le saturer, arrivent les injections SQL (19 %), destinées à piller les données insérées dans un système de gestion de base de données. « En quelques heures, un outil scanne Internet pour rechercher ce type de vulnérabilités », commente Sylvain Gil, directeur chef de produit pour Imperva, qui vient de présenter l’étude sur Paris à nos confrères d’ITespresso.fr.
Car, en fonction du caractère « sensible » des données piratées vendues par paquet de mille (numéros de cartes bancaires valides ou de comptes en banque, comptes de messagerie…), tout se marchande et « le prix évolue comme sur un marché ouvert ». Malgré son recul, le spam (16 %) reste bien ancré dans les pratiques malveillantes même s’il ne s’agit pas d’attaque à proprement parler.
Pour les pirates, Google constitue leur terrain de chasse (Google hacking). Le moteur leur permet de repérer les versions 1.0 des applications (forcément imparfaites). Un outil fiable pour établir une cartographie du Web et des vulnérabilités.
Sur ce forum underground très fréquenté, 25 % des contributions sont concentrées dans le volet « Beginning hackers » destinés aux novices. Mais le phreaking pour les réseaux mobiles (permettant de détourner les appels) reste aussi une valeur sûre (22 %). Les méthodes moins courues abordent les volets techniques pointus (botnets et hacking, cryptographie, tutorials, IM hacking…). Le succès de l’iPhone est passé par là, les contributions concernant le volet de la mobilité gonflent à vue d’oeil…
Dans ce théâtre d’ombres, on sort les gants de boxe entre outils de hacking (SpyEye vs Zeus par exemple). L’an dernier, leur prix était similaire (environ 6000 dollars) mais, en cas d’installation du premier sur une machine (à l’insu de l’utilisateur), le second était automatiquement détruit en cas d’infection au préalable…Et vice-versa.
Les ennemies d’antan vont-ils se réconcilier ? « Dans les forums, on a commencé à évoquer une fusion des produits », commente Sylvain Gil. Dans un souci de vulgarisation des récupérations occultes de données, un pirate du Koweit avait créé Login Spoofer, un logiciel gratuit permettant de créer une interface factice d’un réseau social (Facebook) ou d’un service de communication interpersonnel (Gmail). Objectif : attirer les internautes sur les sites-leurres, récupérer leurs données de connexion puis exploiter les accès sur les services authentiques. Où les applications au service du phishing. Il semblerait que cela a donné lieu à un double piratage puisque le créateur de Login Spoofer récupérait en parallèle les données que les utilisateurs de son logiciel avaient subtilisées…
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