« On devait faire en un an et à douze, dans un petit laboratoire en Floride, ce qui demandait à l’époque quatre ans de travail à trois cents personnes », se souvient, sur lepoint.fr, David Bradley, membre de l’équipe de développeurs à l’origine du Personal Computer 5150. La machine, qui fête aujourd’hui ses trente ans, n’en fut pas moins une révolution dans l’univers de l’informatique. À la fin des années 70, alors qu’IBM accuse un retard important sur ses concurrents, le constructeur décide de proposer sa propre alternative aux Apple II, Comodore PET et Atari 800. Il lance ainsi, dans le plus grand secret, le programme « Chess Project », destiné à produire l’« Acorn ». Après un an de travail dans un petit laboratoire de Boca Raton (Floride), le légendaire Personal Computer 5150 d’IBM voit le jour. Il dispose d’un processeur Intel 8088 de 4.77MHz, propose jusqu’à 256 Ko de mémoire vive et arbore une architecture ouverte de 8 bits ISA-Slot d’extension.
La première petite révolution fut la décision du fabricant de faire appel à des fournisseurs extérieurs pour les composants de sa machine, ce qui lui permit de réduire significativement les délais de construction. Mais la véritable révolution, celle qui a fait du monde de l’informatique ce qu’il est aujourd’hui, fut bel et bien le système ouvert qui équipait le premier PC d’IBM. Lancé discrètement, le Personal Computer 5150 s’adresse aux entreprises, mais rapidement il trouve aussi sa place dans les foyers. Ainsi, fin 1984, alors qu’IBM avait prévu de vendre 500.000 de ses nouvelles machines, deux millions d’entre-elles sont déjà partis. Les logiciels de traitement de texte et de tableur compatibles avec le système d’exploitation de Microsoft, qui équipe le 5150, se multiplient. Il en va de même pour les composants informatiques. David Bradley explique : « Le système ouvert a permis le développement d’un nouveau marché, celui des compatibles ».
Des entreprises comme Compaq, Dell, Gateway, HP, Zenith… mais aussi les européens Apricot, Bull, Olivetti, Siemens, Victor…, vont très vite proposer leur propre PC, clone de l’IBM PC, à l’origine, pour une large part, du succès de la micro-informatique. Alors sollicités de toutes parts, Intel (pour ces microprocesseurs) et Microsoft (pour son système d’exploitation MS-Dos) acquirent l’envergure qu’on leur connaît aujourd’hui. Trente bougies pour le premier PC d’IBM, donc, mais également une date historique pour Intel et Microsoft.