Par Bernard Homès, Président du Comité Français des Tests Logiciels (CFTL)
Trop souvent le calcul de la valeur des tests se limite à la différence entre les coûts de détection et de correction des défaillances et le coût de la non-qualité (c’est à dire la somme des coûts subie par l’entreprise et ses clients en cas de défaillance en production).
Combien de responsables de tests ou de DSI, ont eu à répondre à des commentaires tels que :
– Pourquoi les tests coûtent-ils si cher et prennent-ils tellement de temps ?
– Comment se fait-il que cette défaillance n’a pas été trouvée lors des tests ?
– Nous pourrions faire des économies substantielles en externalisant les tests, et nous obtiendrions aussi un meilleur service.
Si telle est votre situation, vous n’êtes pas seuls : partout dans l’industrie, vos collègues souhaitent que vous fournissiez de la valeur et doutent en même temps que vous puissiez la fournir. Certains considèrent les tests comme un mal nécessaire, un coût à limiter et à contrôler, car les tests leur semblent un trou noir qui absorbe des ressources, sans fournir quoi que ce soit en retour.
En cas de défaillance (défaut passant en production), ce sont les processus qu’il faut étudier, les personnes ne font pas des erreurs volontaires. Une analyse des causes racines vous dira pourquoi la défaillance est arrivée. Les métriques vous permettront de déterminer si vous vous améliorez.
Démontrer la valeur livrée : un incontournable
Il en est de la responsabilité du responsable des tests de s’assurer de livrer de la valeur et de communiquer sur cette valeur. Si cette valeur n’est pas démontrée et livrée, ce n’est qu’une question de temps avant que l’équation ne se résolve par un calcul simple : remplacer l’équipe de tests par une équipe moins chère. Démontrer la valeur livrée est un aspect clé pour fournir encore plus de valeur.
Le responsable des tests dispose de tous les paramètres pour résoudre ce problème de crédibilité. Il en est capable, cela a été fait de nombreuses fois, dans de nombreuses industries et quelle que soit la taille de la société.
Commençons par penser différemment
L’évaluation de la rentabilité des tests passe par une évolution du paradigme pour les tests : ce n’est pas une question de tests ou de qualité. C’est une question de résultats et de performances pour l’entreprise.
Le test doit être reconnu comme un contributeur clé du succès de l’entreprise, avec des mécanismes de gestion transparents, des mesures améliorées et un focus continu sur l’amélioration des processus et des produits. Voici les quatre étapes de l’amélioration :
• Adopter un nouveau mode de pensée
• Valoriser les euros investis
• Démontrer comment les tests améliorent la performance de l’entreprise
• Asseoir la crédibilité des tests
Modifier son mode de pensée et éviter les pièges de valeur
Les pièges de valeur sont les pratiques et comportements qui, sur le moment, peuvent paraître corrects, mais qui en fait, amèneront des mécontentements. Ils empêchent les activités de tests de fournir de la valeur, et empêchent l’entreprise d’apercevoir la valeur livrée.
Les pièges de valeur ne sont pas des défaillances claires telles que la livraison d’un logiciel de mauvaise qualité ; ils sont plus insidieux. Dire « le service Développement est le client des tests, et le client a toujours raison » peut sembler une bonne idée, mais sur le long terme cela mènera les tests à la faute, car les clients ont souvent tort, et appeler des collègues « clients » sépare les membres de l’équipe de tests du reste de l’entreprise.
Une équipe de tests prise dans un piège de valeur se focalise sur elle-même. Ceci est une erreur, car ce sont les performances de (et pour) l’entreprise qui doivent diriger les tests. Pour surmonter les pièges de valeur, les équipes de tests doivent reconnaître qu’elles sont dans un environnement changeant, qui demande de nouveaux modes de pensée.
Communiquer sur la valeur et les coûts est essentiel
Reconnaître la valeur des tests pour l’entreprise nécessite plus qu’un simple changement de point de vue. Dans beaucoup d’entreprises, les tests ont une longue et pénible histoire. Même quand des cadres comprennent que les tests créent de la valeur, il est nécessaire de leur démontrer que c’est une valeur spécifique et primordiale pour l’entreprise.
Les tests Managers efficaces commencent par démontrer et améliorer la valeur des tests en démontrant la valeur par euro investi. Ils démontrent chaque jour que les équipes de tests méritent leur rôle de partenaire privilégié de l’entreprise, en fournissant des informations de coûts, de performances et de qualité, que les « clients » des équipes de tests peuvent utiliser pour contrôler leurs propres coûts. Certains responsables de tests comparent l’efficacité de leurs équipes à celles d’autres sociétés semblables, de façon à pouvoir fournir des comparatifs de coûts à leurs « clients ».
Communiquer sur la valeur et les coûts est un point de départ essentiel. Cela permet de démontrer que le moyen de réduire le coût des tests ne se limite pas à couper dans les budgets, mais plutôt à ajuster le niveau de qualité là où une qualité ou une consommation excessive des tests n’apporte rien en termes de performance pour l’entreprise.
Montrer comment les tests améliorent les performances de l’entreprise
Les responsables de tests efficaces ne se contentent pas de gérer leurs équipes de test. Ils aident aussi leurs collègues à prendre les bonnes décisions en termes d’investissement en tests et qualité des logiciels. En aidant leurs collègues à identifier leurs besoins, en arbitrant sur les investissements, en exécutant les projets et en s’assurant que les bénéfices escomptés sont atteints, les responsables de tests créent un cercle vertueux qui maximise visiblement les investissements en tests.
Ceci permet de montrer l’apport constant que les tests fournissent à chacune des activités de l’entreprise, et les métriques mises en place permettent de mesurer les améliorations de façon continue.
Montrer comment les tests apportent encore plus de valeur
Lorsque le responsable des tests se focalise sur les performances de l’entreprise, il n’est plus considéré comme un simple technicien exécutant, mais comme un partenaire utile, capable de contribuer au-delà de sa simple spécialité. Certes, cela n’arrive pas du jour au lendemain, mais, en traitant chaque initiative comme une opportunité d’entreprise, en démontrant la valeur des investissements consentis, et en mesurant les améliorations résultantes, le responsable des tests peut obtenir des responsabilités plus étendues.
Construire la valeur de bas en haut
La plupart des responsables de tests se plaignent qu’ils n’ont pas l’opportunité de démontrer le potentiel que les tests apportent à l’amélioration des performances de l’entreprise. Et quand ils en ont la possibilité, personne ne les écoute.
Cela provient souvent du manque de crédibilité associé aux équipes de tests. Le succès peut être atteint en créant cette perception de valeur pas à pas, chaque étape étant la fondation de la suivante. Le responsable des tests doit montrer son aptitude à fournir le service attendu de façon fiable, économique et avec un très haut niveau de qualité.
C’est ainsi qu’il assoira sa crédibilité et constru
ira son influence qui va plus loin que la simple gestion des tests, s’étendant aux équipes de développement et au marketing, voire à des niveaux hiérarchiques supérieurs.
Quelques points de réflexion
Les recommandations qui précèdent, et les quatre étapes qui les composent permettent d’éviter des problèmes prévisibles comme ceux-ci :
– Quand les équipes de tests fournissent peu de valeur, le test est considéré comme un mal nécessaire, un coût à réduire à sa plus simple expression, de façon à garder un niveau de qualité minimal sans plus
– Quand le responsable des tests et ses équipes ne sont pas en mesure de créer des mécanismes de supervision transparents, les tests sont regardés avec méfiance car rien ne permettra de déterminer si les montants investis sont utilisés à bon escient
– Quand le responsable des tests et ses équipes ne sont pas en mesure de discuter du business de l’entreprise avec les autres parties prenantes (dirigeants, cadres fonctionnels…), ils sont considérés comme des exécutants
– Quand le responsable des tests et ses équipes ne peuvent pas lier les investissements consentis à des améliorations mesurables des performances de l’entreprise, l’encadrement cherchera ailleurs un avantage compétitif et continuera d’ignorer les manières dont le test et la qualité peuvent améliorer la performance de l’entreprise
Un certain nombre de responsables des tests se reconnaîtront (ou leur entreprise) dans ces descriptions. Si c’est votre cas, vous n’êtes pas seuls. Cependant ce n’est pas un destin inévitable.