« Sybase an SAP Company ! »… Le slogan affiché en fond de scène a le mérite de la clarté. Ce 19 août, une conférence de presse SAP-Sybase (retransmise en direct sur le Net depuis Boston et Francfort) avait pour ambition, suite au rachat amical intervenu en mai dernier, de rassurer le marché et les clients, mais également d’annoncer une plateforme mobile et, au-delà, un « outil de transformation économique »…
Une société « pérenne » et « en bonne santé »
Un petit rappel historique sur cette société peu connue du public, voire des jeunes informaticiens, – de la bouche même du p-dg, John S. Chen : «Tandis que naissait l’e-commerce, Sybase participait au mouvement, mais nous anticipions déjà en cherchant à faire évoluer radicalement notre base de données. À l’aube des années 2000, nous travaillions déjà à des bases de données mobiles avec des applications adaptées et à une plateforme de messagerie, tout en assurant la qualité et l’intégrité des données. »
Eh oui, Sybase est bien ce pionnier méconnu faute d’être mésestimé qui fut le premier à proposer des applications web dynamiques reliées à des bases de données. Ce, avant même les Lotus Domino et consorts… Petite minute de nostalgie…
Rassurer le marché et la bourse
« Sybase dispose d’équipes très compétentes et affiche une excellente santé financière, avec une croissance à deux chiffres et des produits de très grande qualité, » lance Bill McDermott, codirigeant de la direction bicéphale de SAP.
John Chen embraye : « Sybase était une société indépendante et bénéficiaire avant le rachat. Nos clients profiterons désormais des innovations de deux entreprises leaders dans de nombreux domaines : applications d’entreprises, BI, Mobilité et la passerelle Netweaver pour apporter de la cohérence et assurer la passerelle avec l’existant des systèmes d’information.»
Conférence de presse du 19 août 2010: (de gauche à droite) John Chen, Vishal Sikka et Bill McDermott
« SAP, premier éditeur mondial des applications d’entreprise et leader mondial de business intelligence et d’applications analytiques devient désormais le numéro un des applications mobiles » renchérit Bill McDermott.
Afin de rassurer les clients, Jim Hagemann affirme : « Nous poursuivrons les développements et maintiendrons les feuilles de route de Sybase, pour tous ses produits », ce que confirme John Chen: « Nous tiendrons nos promesses envers nos clients, comme nous l’avons toujours fait.»
Une plateforme intégrée et surtout ‘temps réel’
« En combinant les technologies d’infrastructure mobile de Sybase et les applications d’entreprise de SAP, nous proposerons dans neuf mois une plate-forme commune unique pour concevoir des applications On-Device, sur ce segment de marché qui connait la plus forte croissance actuelle et à venir. Cette plate-forme, ouverte et basée sur les standards, permettra aux entreprises de transformer leurs back-offices en applications mobiles pour fournir des informations en temps réel sécurisées partout et sur tout type terminal » a expliqué Bill McDermott.
Toutefois, une des principales caractéristiques innovantes est toute autre, comme l’a expliqué Vishal Sikka, responsable technique et membre du conseil d’administration de SAP : « Notre future plateforme apportera la BI et l‘analytique en temps réel, la connexion aux applications d’entreprise et aux données en temps réel aux applications mobiles et traditionnelles ! ». Et une précision s’impose : « Nous ne portons pas la plate-forme mobile de Sybase dans SAP, nous alignons nos technologies pour apporter de la mobilité comme nous l’avons déjà fait pour concevoir ensemble notre offre Mobile CRM en reliant en temps réel les terminaux mobiles aux back-end de l’entreprise », souligne Jim Hagemann Snabe.
Question : ce mariage ne recèle-t-il pas, dans le patrimoine commun, deux technologies In-Memory et deux technologies BI différentes ?
A cette question, Vishal Sikka rétorque : « Selon les applications, nous savons depuis longtemps que certaines technologies conviennent mieux que d’autres. Sybase a intégré une technologie In-Memory et de colonage, SAP l’a également réalisé de son côté. Cependant, les deux technologies fonctionnent parfaitement avec d’autres SGBD, et supporte aussi Business Objects».
De son côté, sur la convergence éventuelle des technologies décisionnelles SAP et Sybase, John Chen répond sans tabou : « Nous ne sommes pas une religion, mais une entreprise ! Certes, nous détenons diverses technologies. Néanmoins, ce qui importe est de préserver l’investissement de nos clients, et de rester très transparents sur ce que nous leur proposons ou proposerons. »
L’écosystème toujours au cœur de l’industrie du logiciel
« Bien sûr, la combinaison de SAP et Sybase donnera naissance à une plate-forme puissante, mais aussi ouverte. En effet, notre écosystème de partenaires et nos clients pourront concevoir rapidement des applications à forte valeur ajoutée » promet Bill McDermott.
« En s’appuyant sur notre socle Netweaver et sur la plateforme mobile de Sybase, nos partenaires et clients pourront concevoir rapidement des applications innovantes et connectées en temps réel aux systèmes d’information», prolonge Jim Hagemann Snabe. Il ajoute : « Grâce à nos savoir-faire communs en applications analytiques et technologies de données comme In-Memory, nous proposerons des accès instantanés à de très gros volumes de données actualisés en temps réel. L’écosystème s’avère primordial. En effet, les multiples applications de l’iPhone n’ont pas été imaginés par Apple, mais conçues par son écosystème».
Et Vishal Sikka d’enfoncer le clou : « Nous concevons aussi cette plate-forme de façon ouverte pour simplifier l’intégration de l’existant, et avec un SDK SAP et Sybase afin que des tiers puissent proposer des applications mobiles, quelques soient les systèmes de back-office des entreprises, grâce à notre technologie Netweaver».
En clair, une communication bien huilée!
Des bénéfices réciproques dans le meilleur des mondes possibles, tel est en substance le message tenu à l’occasion de cette conférence de presse au sommet. « Sybase, leader des applications mobiles (avec plus de milliards de SMS/MMS gérés via ses 5 datacenters dans le monde) occupe également une place de choix avec sa plate-forme décisionnelle Sybase IQ, présente dans 46 des premières banques mondiales», analyse Bill McDermott. « SAP renforce de facto sa présence sur le secteur financier et accroit sa présence en Chine et au Japon, ou Sybase connait un succès croissant.» Autant de marchés porteurs pour le géant européen. Des pays où le terminal mobile est en passe de devenir le premier poste de travail dans les entreprises, selon le dirigeant américain.
Sybase conserverait son indépendance de fonctionnement –y compris commercial:
« Les politiques seront séparées, mais complémentaires. Nous jouerons pleinement le cross-selling [ventes croisées] sur tous nos produits, et nos positionnements sur des marchés différents représentent autant d’opportunités», explique Jim Hagemann Snabe. A ce sujet, John Chen n’a pas de doute : « Nous travaillons avec SAP depuis trois ans, dit-il, et nous partageons une vision
commune du On-Demand, du On-Device, du On-Premise.»
Vers de nouveaux modèles ?
« La technologie de Sybase nous permet d’adresser un marché de millions d’employés en situation de mobilité. En outre, les managers peuvent rester connectés aux données de l’entreprise… et bénéficier des informations saisies en temps réel par les équipes sur le terrain», affirme Bill McDermott, avant que Jim Hagemann Snabe ne conclut : « La combinaison de la mobilité et de notre technologie In-Memory ouvre de nouveaux horizons permettant de transformer l’économie dans tous les secteurs, et d’améliorer la réactivité des entreprises, en ouvrant de nouveaux horizons, y compris au secteur informatique».