Par Geoff Barrall, CTO d’Overland
Pour protéger leurs données métier contre les sinistres d’origine informatique ou naturelle, la méthode classique utilisée par les petites et moyennes entreprise est traditionnellement manuelle : elle consiste à transporter les données physiquement hors du site. Dans les plus petites entreprises, cette opération est même généralement assurée par des employés chargés d’emporter chez eux, à la fin de la journée, des bandes ou des disques de sauvegarde. Les entreprises de plus grande taille font plutôt appel à des sociétés spécialisées pour assurer une sauvegarde professionnelle et régulière à l’extérieur du site.
Face aux difficultés d’administration qui augmentent au fur et à mesure que la quantité de données à stocker s’accroît, il n’est plus possible de se contenter simplement d’augmenter la capacité de stockage. Pour résoudre ce problème, le stockage dans le cloud attire de plus en plus l’attention et semble s’imposer comme une solution alternative.
Aujourd’hui, la plupart des entreprises semblent disposer d’une bande passante Internet quasiment illimitée, ce qui leur permet de transférer leurs données primaires vers le nuage dans un objectif de sauvegarde et de restauration. Avec ce service, les responsables informatiques semblent avoir trouvé une solution à leur problème: il leur suffit de s’acquitter d’un abonnement mensuel pour éviter les frais d’investissement et de fonctionnement élevés relatifs à la fourniture d’un service équivalent en interne.
Le stockage dans le cloud n’est pourtant pas un concept nouveau : il est très voisin du SaaS (storage-as-a-service).
Au premier abord, et sous la pression combinée de la crise du crédit, de la croissance des données et d’une large bande passante, il apparaît donc clairement comme une solution attrayante. Mais est-ce vraiment le cas ?
Les origines du stockage dans le nuage
Le stockage dans le cloud a débuté dans le marché grand public, mais ce sont, depuis peu, les entreprises qui s’y intéressent le plus. Un nombre croissant de fournisseurs vantent aujourd’hui la viabilité de leurs services informatiques professionnels dans le cloud, y compris en matière de stockage.
IDC a récemment comparé le nouveau secteur du stockage dans le nuage à une invasion territoriale, et a souligné l’opportunité pour les premiers acteurs de ce marché de s’attribuer rapidement une part du marché significative. Mais comme souvent au delà de toute nouvelle frontière, les règles du jeu ne sont pas très claires, et comme pour toute « ruée vers l’or », l’excitation initiale tient rarement ses promesses.
Chaque nouvelle évolution des technologies s’accompagne de risques, et le stockage dans le cloud n’est pas une exception.
Le stockage dans le cloud se heurte ainsi à de nombreux obstacles allant des réglementations internationales en matière de gouvernance d’entreprise au respect de la conformité, en passant par la sécurité des données nationales.
Le problème de la bande passante
En outre, le secteur évolue en partant d’un marché de niche très fragmenté, avec peu de standards ou de SLA reconnus au niveau national. La sauvegarde et la restauration des données, quelle que soit leur source et y compris le cloud, exige une fiabilité et une disponibilité permanente. Le stockage dans le cloud dépend de l’accès à Internet et de la bande passante disponible, et doit encore faire ses preuves sur ce point.
En fait, la bande passante est probablement le principal facteur qui pourrait contrarier l’adoption à grande échelle du stockage dans le cloud. En effet, le rapport entre l’augmentation de la bande passante et la croissance des données ne s’est pas amélioré au cours de ces 20 dernières années, bien au contraire.
En moyenne, la liaison Internet est passée du modem 28,8 kbit/s à un accès haut débit à 5 Mbit/s, plus de 170 fois plus rapide. Dans le même temps, la quantité de données a été multipliée par plus de 10 000, passant de quelque 100 Mo par utilisateur à plus d’un téraoctet. Tant que ce décalage persiste, voire même s’amplifie, le stockage principal hors site devient de bien des façons encore plus difficile à réaliser. En raccourci, on peut même dire que la tuyauterie ne suit pas.
Les autres limitations du cloud
Outre les problèmes de bande passante, la fiabilité et la sécurité sont d’une grande importance. En déplaçant ses données dans le cloud, une entreprise devient très largement dépendante de son fournisseur pour ce qui concerne leur sécurité et leur disponibilité. Beaucoup d’entreprises auront naturellement du mal à franchir la barrière psychologique qui consiste à laisser partir ses données à l’extérieur de l’entreprise et à faire totalement confiance à un prestataire externe. Pour favoriser l’adoption du stockage dans le cloud, il est donc essentiel pour tout prestataire de les rassurer en adressant en priorité les questions de fiabilité et de sécurité.
Les points forts du cloud
Lorsque les points précédents auront été réglés, le cloud montrera réellement ses avantages dès l’instant où une entreprise commencera à sauvegarder des données. Une fois terminée la première sauvegarde sur site, il est possible d’en héberger une copie dans le cloud pour assurer la protection contre les sinistres. Stocker en ligne ne permettra pas de remplacer l’existant, mais complète et sécurise l’existant.
Sur un plan technique, les systèmes automatisés de sauvegarde incrémentielle conviennent le mieux à ce modèle d’utilisation, car seules les nouvelles données sont sauvegardées et transférées vers le cloud. Cette approche est la plus efficace, car son caractère incrémentiel préserve la bande passante, et son automatisation évite aux employés de gérer le processus chaque jour.
Il est clair que le cloud représente une opportunité et présente de nombreux atouts, de la facilité de mise en œuvre à la facturation à l’utilisation, en passant par la réduction et maîtrise des frais de fonctionnement. Pour autant, la décision de déporter son stockage dans le nuage ne doit pas être prise à la légère. Le responsable informatique devra étudier en détail les méthodologies et les règles de son fournisseur de stockage dans le cloud, et comprendre pleinement les conséquences des scénarios les plus graves avant de s’engager.
On dit que le ciel bleu est derrière chaque nuage… En matière de stockage dans le cloud, une fois réglées toutes ces problèmes, ce pourrait bien être vrai.
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