Nuage islandais : les faiseurs de collaboration en ligne, visioconférence et télé-présence se frottent les mains !

Très drôle la réaction de certains ministres européens, découvrant par la faute d’un blocage total de l’aviation civile dans la CEE, qui les empêchait de se retrouver à Bruxelles, les vertus de la visioconférence et de la télé-présence ! Une réaction en tous cas spontanée que n’eurent pas seulement, loin s’en faut, les politiques européens. Dans de nombreux secteurs de l’économie, les cadres et les dirigeants s’étant retrouvés bloqués, en Amérique du Nord ou en Asie, incapables de rentrer par un moyen rapide de transport et condamnés à poursuivre avec les « moyens du bord » les échanges avec leurs firmes, tout le sel de ces technologies novatrices poussées par des grands noms de l’industrie IT : Cisco et Tandberg, Polycom, Citrix, etc.

Les voies d’Internet (les « autoroutes de l’information » comme on les a  baptisées souvent autrefois) ont, comme il se doit, jouer leur rôle. Mais au-delà du Net et des plateformes mobiles, ce sont en effet les solutions de visioconférence et de télé-présence, mais également celles de collaboration en ligne qui ont révélé soudain,  à ceux qui l’ignoraient, tout leur intérêt et tout leur potentiel à l’heure des éructations du volcan islandais…

Les rois de la vidéoconférence heu…reux !

Evidemment, ils ne vous diront pas naïvement qu’ils se félicitent de l’éruption de l’Eyjafjöll. Mais il est clair que l’industrie de la vidéoconférence a la banane. Car la situation a démontré en quelques jours tout l’intérêt de sa technologie et a boosté son niveau d’activité.

« C’est peut-être anecdotique, mais vous n’obtiendrez pas actuellement une salle de démonstration dans l’une des installations de Cisco », déclare Fredrik Halvorsen, ancien CEO de TANDBERG et désormais chef du groupe en charge de la technologie et des systèmes de télé-présence. Il ajoute: « Nous avons réellement constaté un pic énorme de l’usage de nos solutions. »  Le plus gros pic depuis le 11 septembre 2001 même, quand bien même – on s’en doute – les systèmes disponibles à l’époque étaient essentiellement tournés vers l’audio et n’avaient pas encore connu la révolution de la vidéo HD qui change énormément le « way of use ». 

Mais les gros faiseurs, dont nous donnerons d’autres exemples plus bas, ne sont pas les seuls à tirer les marrons du feu (si l’on peut dire)… Ainsi la start-up, elle aussi norvégienne, Videoworks, qui vient à propos d’ouvrir ses portes ce lundi, a déclaré qu’elle allait commencer à fournir une gamme de systèmes de conférence HD, reposant cette fois sur une technologie japonaise (Sony). Et sans surprise, on retrouve parmi les fondateurs de cette société un cadre exécutif, spécialisé dans les ventes, et venant de Tandberg.
Le Directeur général de la jeune pousse, Even Zimmer, a du reste déclaré que le réveil du volcan allait faire réfléchir les décideurs en entreprises aux bénéfices bien réels de la vidéoconférence. « Le timing est très bon, dit-il. La croissance du marché et les conséquences du nuage de cendres ne risquent pas d’être oubliés très rapidement« . L’effervescence du secteur, son boom ou son éruption comme on voudra ne sont pas près de retomber comme une omelette norvégienne…   

D’autant plus que le secteur de la vidéoconférence avait connu, bien avant l’histoire volcanique, une vague d’acquisitions et de consolidations sans précédent (par exemple le rachat par Logitech de LifeSize) sur un secteur considéré depuis au bas mot deux ans par les analystes comme un secteur de croissance clé. La crise économique étant également passée par là, les entreprises cherchent sans répit à réduire leurs voyages d’affaires et les coûts engendrés par ceux-ci.

Volcan, crise économique, H1N1… Trois « bonnes » raisons d’y passer !

L’un des leaders mondiaux du secteur, Polycom, a lui aussi observer ces derniers jours une croissance spectaculaire de l’utilisation de ses solutions, qu’il s’agisse de vidéoconférence ou de télé-présence.  Et la firme de citer l’exemple de Regus, le plus grand réseau mondial de centres d’affaires qui propose à l’heure actuelle près de 2 500 solutions de vidéoconférence ainsi que plusieurs salles de téléprésence Polycom dans le monde, qui a connu un pic d’utilisation de ces solutions : + 108 % au  Royaume-Uni, et 18 % en moyenne à travers toute l’Europe (l’Europe du Sud étant moins impactée par le nuage de cendres). En outre, les entités du groupe situées à Aberdeen, Manchester, Edimbourg, ainsi qu’à Gatwick et Heathrow (tous fermés très rapidement), ont reçu une très forte demande de la part des voyageurs à la recherche de solutions alternatives, leur permettant d’exercer, sans contraintes et sans changement de rythme, leur activité professionnelle.

« Trop nombreuses sont les organisations qui ne disposent pas de plan de continuité d’activité efficace qui s’avère indispensable lorsque la communication devient plus difficile et que les clients et la compétitivité s’en trouvent impactés » indique Mike Swade, Vice President EMEA de Polycom. «  Le nuage de cendres ainsi que d’autres incidents récents comme la grippe H1N1 ont permis à un grand nombre d’entreprises de mesurer l’enjeu et les conséquences que peuvent avoir des circonstances extérieures sur leur activité et leur business ». En l’absence de PCA, les entreprises de toutes tailes ne peuvent s’imaginer danser sur un volcan…

Polycom explique que, dans ce contexte, Regus s’attend à recevoir de fortes demandes de visioconférence de la part d’entreprises souhaitant maintenir un niveau correct de communications opérationnelles, et ce pendant toute la durée de la perturbation du trafic aérien (et au-delà).

« Les entreprises qui utilisent la communication visuelle sont mieux préparées pour faire face à ce type de crises internationales, et bénéficient en outre d’un fort taux de retour sur investissement. Ne sachant pas avec certitude quand cette situation prendra fin, les entreprises se doivent de trouver des solutions alternatives afin de maintenir le dialogue avec leurs différents collaborateurs, mais aussi partenaires, fournisseurs et clients. Parcourir le globe pour assister à une réunion n’apparait plus aujourd’hui comme nécessaire, ni pertinent. », ajoute Mike Swade.

Le collaboratif en ligne également fortement sollicité

Au-delà de la vidéoconférence et de la télé-présence, le nuage islandais a aussi bénéficié aux  technologies et solutions de collaboration en ligne, quelles soient « classiques » ou sur le mode Web 2.0.

Ainsi, pour ne citer que lui, Citrix Online a vu l’utilisation de sa solution de réunion en ligne doubler en quelques jours ! « Les cendres volcaniques, qui perturbent actuellement les vols de milliers de passagers, impacteront très certainement l’activité de nombreuses entreprises. La perturbation actuelle es
t extraordinaire, mais réelle ! Elle remet sur le devant de la scène l’importance d’un plan de continuité opérationnel afin d’en limiter l’impact et de garantir le bon fonctionnement de son activité
», commente Sophie Vandriessche, Responsable de Citrix Online.

Citant la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Citrix Online explique que la paralysie du transport aérien n’a affecté dans une large mesure que les PME, dont l’activité est tributaire directement du transport aérien, mais que l’ensemble des PME pourraient être en difficulté si la situation perdurait (on sait que depuis cette affirmation les aéroports ont rouvert progressivement…).

Sophie Vandriessche ajoute : «  Avec des solutions de collaboration en ligne, qui sont faciles d’utilisation, accessibles et abordables, les salariés peuvent, sans besoin de se déplacer, accéder en tout sécurité à leur poste de travail et échanger avec leurs collègues et clients en temps réel via une conférence en ligne. En adoptant une telle approche, il est possible de continuer à travailler en évitant d’avoir à se déplacer. Au quotidien les économies pour l’entreprise sont également non négligeables. »

C’est donc sans surprise que, depuis le début des perturbations, Citrix Online a vu la demande pour ses solutions de collaboration en ligne littéralement exploser. L’utilisation de la solution GoToMeeting, qui permet d’organiser en un clic une réunion en ligne, a ainsi doublé en Europe depuis la semaine dernière !