Par Xavier Paulik, dirigeant de Tiki’Labs
« Apple et la révolution tactile » : une opportunité pour la « French Touch » ?
Xavier Paulik, CEO de Tiki’labs, jeune société française spécialisée dans les interfaces tactiles, nous aide à décrypter l’enjeu de la sortie de l’iPad dont les premiers exemplaires seront enfin livrés ce samedi aux Etats-Unis. Il faudra patienter encore un long mois pour les voir débarquer en France. Tout juste le temps de vérifier si l’engouement pour la tablette qui a conduit à des ruptures de stock est confirmé par les premiers utilisateurs réels… et à nos éditeurs de contenus français de livrer leur version iPad pour la sortie française !
Avec l’iPad, nous sommes entrés de plein fouet dans l’an II du tactile
Extérieurement, c’est un gros iPhone qui reprend les codes esthétiques d’Apple qui ont si bien fonctionné avec l’iPhone, entrainant au passage la déception de ceux qui s’attendaient à ce qu’Apple nous étonne.
Ce qui est vraiment révolutionnaire, ce que démocratise désormais Apple, c’est une nouvelle manière d’interagir avec le monde numérique :
– Une nouvelle génération d’équipements, qui se manipule directement et intuitivement avec ses doigts (la souris a définitivement disparu), où le contenant est réduit à sa plus simple expression – un écran – et où la valeur est dans le contenu.
– Une nouvelle manière de consommer, immédiate, impulsive, « over the air », héritée directement des succès d’iTunes puis de l’AppStore, qui gomme les frontières, fait tomber les verrous et décoller les usages …
Le marché des écrans tactiles affiche une croissance vigoureuse et génèrera au total plus de 4,4 milliards de dollars en 2012. Partout où il y a de l’électronique grand public et professionnelle, les écrans tactiles vont se multiplier, avec deux technologies qui s’affrontent : le « mono-point » et le « multi-point ». Ce dernier, défendu par Apple, devrait rapidement prendre le dessus sur le mono-point aujourd’hui encore majoritaire, notamment sur les téléphones portables.
Le « multitouch » ouvre de nouveaux usages, dont les fameuses « tables tactiles » de Microsoft, avec un prix encore prohibitif pour le grand public mais dont les coûts de fabrication chuteront avec la démocratisation des usages. S’ouvrira alors une nouvelle voie, avec une nouvelle ergonomie, et la nécessité de refondre les logiciels en profondeur pour tirer parti de ces nouvelles capacités d’interaction.
L’iPad trouvera-t-il son public?
Tout et son contraire a été dit sur la tablette d’Apple depuis sa sortie en grande pompe lors de la « Keynotes » de Steve Jobs.
Même Google y est allé de son coup de bluff en diffusant des photos de sa propre tablette en préparation (voir photos www.chromium.org/chromium-os/user-experience/form-factors/tablet).
Ce qui est certain, c’est que malgré ses détracteurs, l’engouement ne s’est pas démenti pour Apple dont les 100 000 premiers iPad ont été écoulés sans difficulté avant même leur disponibilité !
Pourtant, la tablette d’Apple (et son supposé futur concurrent chez Google) est loin d’être parfaite sur le papier.
Prenons le clavier tactile par exemple, qui prend la moitié de l’écran et qu’on ne peut utiliser qu’en posant la tablette sur un support ou sur ses jambes. Est-il vraiment adapté à un usage tablette « mobile »?
Steve Jobs lui même semble ne pas en être convaincu en proposant un clavier physique en option. Comment fera-t-on alors pour utiliser la tablette debout, avec sa connexion 3G ? Ne pourrait-on pas inventer un système qui permette d’interagir tout en tenant la tablette à 2 mains ?
Quant à la consultation de pages internet, on nous promet une expérience sans précédent en « tenant l’internet entre ses mains comme on tient un journal ». La promesse est alléchante, mais encore une fois comment tourne-t-on les pages du grand livre de l’internet si on tient la tablette à 2 mains ?
Ne va-t-on pas retomber dans les travers du bureau de notre bon vieux PC ou Mac encombré de fenêtres, avec la possibilité « survoler » les fenêtres réduites avec la souris en moins ?
De même pour les icônes d’applications qui commencent à se multiplier sur l’écran d’accueil de l’iPhone, à force de télécharger la Nième application dont on n’a pas besoin mais qu’on a récupéré simplement « parce qu’il y a une application pour tout » comme dit la pub ?
Une chose est certaine : la guerre du tactile est ouverte. Et si les géants y consacrent leur énergie, c’est que les enjeux sont de taille. Néanmoins, ils ne semblent pas avoir réponse à tout. Laissant à d’autres le soin d’inventer l’ergonomie qui va avec !
L’offre sera-t-elle au rendez-vous ?
L’autre grande inconnue dont nous aurons des éléments de réponse ce week-end : les éditeurs et la presse, pour qui l’iPad est souvent présenté comme l’eldorado, auront-ils joué le jeu?
En effet, on peut être séduit par la promesse de faire fonctionner les 150 000 applications de l’iPhone sur un iPad au format double. Mais quiconque a eu l’iPad entre les mains (ou son simulateur, puisque même les développeurs n’ont pas eu ce privilège avant sa sortie) constate immédiatement que pour pouvoir être vraiment utilisables, les applications doivent à minima être retravaillées pour fonctionner avec la nouvelle taille d’écran. Ceci limite dès le départ le nombre d’applications utilisables.
De même pour la consultation de sites internet : en format portrait, un site conçu pour PC reste trop petit pour pouvoir être utilisé sans zoomer avec ses deux doigts – pas pratique quand on tient la tablette à 2 mains. Le format web mobile ? Il est bien plus lisible, mais peu de sites ont jusqu’ici vraiment parié sur la version mobile de leur contenu qui était réduite au format du petit écran de l’iPhone.
La vraie question est de savoir si les gros éditeurs et en particulier la presse et les médias vont retravailler leur contenu pour le rendre vraiment consultable confortablement sur ce nouveau format, ou vont se contenter de porter leurs applications iPhone au risque de ne pas pouvoir sortir du modèle contrôlé par Apple.
Car c’est vraisemblablement au prix d’une offre de contenu riche que l’iPad trouvera sa vraie place, « entre » le PC de naguère et le Smartphone d’aujourd’hui.
Une aubaine pour la « French Touch » ?
Et c’est là que nos startups françaises, particulièrement en pointe dans le domaine du tactile et de ces nouveaux usages, peuvent tirer parti de cette nouvelle donne et tenter d’imposer ce que l’on appelle déjà la « French Touch »*.
Depuis déjà plusieurs mois, les français font leurs armes et engrangent du savoir faire stratégique sur les Tabbee et autres Hubster de nos opérateurs lancés en 2009, sur l’iPhone où nos éditeurs et créateurs comme GameLoft font référénce, ou sur des bornes tactiles dans des domaines professionnels comme la santé ou les transports publics. En 2008 des marchés comme celui de l’armée ou de l’automobile représentaient déjà 3,2 milliards de dollars de chiffre d’affaire.
L’arrivée de l’iPad, avec son nouveau format qui oblige à repenser l’offre de contenu et logiciel, crée des opportunités pour nos entreprises françaises pour contrecarrer l’hégémonie américaine dans ce domaine et reprendre une longueur d’avance, comme au bon vieux temps du Minitel ?
* voir le magazine « l’informaticien de novembre 2008 qui tit
rait : « la French Touch » dont Tiki’labs, Stantum et d’autres faisaient partie.
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