Par Patrick Benichou, Président d’Open Wide
Nouvelle mode ou besoin de fond ?
Le logiciel libre perçu en 2000 comme un phénomène un peu utopique, en marge du vrai business, s’impose aujourd’hui comme une nouvelle façon de produire et de distribuer du logiciel qui bouscule les modèles économiques établis. Pourquoi ce modèle s’est-il imposé si vite ? D’une part, parce que la production collaborative a fait la preuve de sa capacité à produire des grands logiciels de qualité. D’autre part, parce que le développement logiciel devait faire face à plusieurs pressions du marché auxquelles le logiciel libre a su répondre par nature : ouverture et respect des standards, partage des coûts de R&D et de maintenance, raccourcissement des cycles de livraisons, effet de commodité par la baisse des coûts.
On pourrait citer bien d’autres facteurs qui ont contribués à favoriser l’essor du logiciel libre, mais ce n’est pas l’objet ici. La question qui se pose est de savoir si les termes de SAAS (Software As A Service) ou de Cloud Computing (qui n’est pas un acronyme) sont de simples concepts (markétés par les analystes du marché IT) où si, à l’instar du logiciel libre, il existe des attentes fortes du marché qui pré-existent indépendamment des termes et définitions ?
SAAS et Cloud Computing : de quoi parlons nous ?
Tentons d’abord de définir les notions de SAAS et le Cloud Computing sans entrer dans un débat de définition et sans descendre dans la technique. Le principe du SAAS (Software As A Service) est sans doute le plus simple à appréhender. Ce dernier a d’ailleurs déjà été lancé il y a quelques années sous le vocable d’ASP (Application Service Provider) avec un succès mitigé. Il consiste principalement à ne pas vendre un logiciel, mais à le mettre à disposition sous forme de location, le tout associé à une gamme de services et d’engagements de disponibilité.
La notion de Cloud Computing est plus complexe à appréhender, d’autant que certains lui font englober la dimension applicative du SAAS ce qui ne me semble pas la meilleure idée pour y voir clair. On pourrait dire en première approche, que le Cloud Computing consiste à louer des ressources d’infrastructures Internet à la demande. On entend ici par Infrastructure Internet des choses très concrètes comme l’usage de serveurs hébergés en Datacenter, l’usage de bande passante, l’usage d’équipements de sécurité, de dispositifs d’optimisation de performances, de filtrage de contenus…
Quoi de neuf par rapport à une classique démarche d’externalisation me direz – vous ? Principalement la flexibilité : le client du Cloud Computing ne paye que ce dont il a besoin, et surtout sans planification préalable de ses besoins. Vos besoins de bande passante augmentent ponctuellement pour absorber un événement ? Le Cloud Computing y fait face et vous le facture à la consommation. Le nombre d’utilisateurs d’une application augmente ou diminue drastiquement : peu importe, vous utiliserez plus de ressources informatiques (CPU, mémoire, espace de stockage) en toute transparence, sans vous préoccuper d’approvisionner du matériel ou d’opérations techniques complexes. Les ressources matérielles que vous allez utiliser sont là quelque part sur le net, dans le Cloud…
C’est là que réside la vraie révolution du Cloud Computing, il vous décharge complètement de la logistique de votre infrastructure, vous évite d’anticiper le dimensionnement de vos ressources et vous permet de les consommer au détail grâce à une mutualisation dont vous ne vous occupez pas.
Derrière le Cloud, une réalité virtuelle…
Qu’est-ce qui fondamentalement autorise une telle flexibilité ? Tout d’abord bien sûr, l’accès aux applications à travers un simple navigateur, la disponibilité des réseaux et l’augmentation de leur bande passante. Mais derrière le miracle de cette flexibilité se cache surtout une technologie qui permet de découpler les équipements physiques, des systèmes d’exploitation : la virtualisation. La technologie des machines virtuelles est la composante fondamentale qui permet à l’administrateur du Cloud de distribuer les applications là où bon lui semble sans se soucier de la localisation des serveurs.
Dans ce domaine, les éditeurs propriétaires pionniers tels que Vmware ont acquis un savoir faire remarquable, notamment dans l’administration de grands parcs de machines virtuelles mais ils sont aujourd’hui talonnés par les solutions Open Source. S’il est un domaine où l’Open Source excelle depuis l’avènement de Linux, c’est bien celui des infrastructures Internet. La virtualisation, qui sera sans doute bientôt considérée comme une fonctionnalité avancée de l’environnement de Linux n’échappera pas à la règle. L’intégration récente de KVM et d’outils d’administration aux dernières distributions entreprise de Red Hat ne laisse guère planer de doute. Il y a donc fort à parier que Linux et les logiciels libres colonisent rapidement la sphère du Cloud Computing et qu’ils constituent un terreau très fertile aux distributeurs d’applications Open Source en mode SAAS.
SAAS et logiciels libres
Pour se généraliser sur des applications clé du SI, le SAAS devra néanmoins surmonter plusieurs freins. Le premier consiste à confier à un partenaire externe des données critiques de l’entreprise. Pourtant, bien que cette préoccupation reste présente sur le terrain, force est de constater que les barrières psychologiques s’estompent. Les succès incontestables de SalesForce, du Blackberry ainsi que l’adoption croissante des outils Google pour le travail collaboratif attestent d’une évolution des mentalités. Les autres freins que nous avons identifiés sont principalement liés à des préoccupations de migration, des attentes d’interopérabilité ou de réversibilité.
Avec l’arrivée des logiciels libres les entreprises ont plébiscité l’adoption de standards, l’interopérabilité et l’agilité qui en découlent, la liberté de choix des fournisseurs sur des technologies éprouvées et partagées. Il y a peu de chance qu’elles renoncent à ces avantages stratégiques à l’occasion de l’adoption d’un nouveau modèle de consommation d’applications. Pour réussir, les offreurs de solutions en SAAS, grands ou petits, devront offrir à leurs clients les mêmes garanties. Le choix d’applications Open Source au sein d’un modèle SAAS permet d’ores et déjà de répondre à une grande partie de ces attentes, si tant est que les applications choisies reposent sur des communautés arrivées à maturité. Par ailleurs, la disponibilité d’applications libres va très probablement engendrer une dynamique très importante des offres en SAAS du fait d’une barrière à l’entrée bien plus faible que pour l’édition propriétaire.
Conclusions
A l’instar du mouvement du logiciel libre, le Cloud Computing et le modèle SAAS découlent d’une réelle innovation technologique et proposent des avantages clients majeurs dépassant, sans aucun doute, les freins à leurs adoptions. Les logiciels libres, sont d’ores et déjà bien présents pour jouer un rôle clé dans l’adoption de ces nouveaux modèles. Ils devraient à court terme servir de catalyseur au marché : accélérer le foisonnement des offres, imposer des prix bas et bien sûr garantir aux clients l’ouverture, le respect des standards et l’indépendance qui ont présidé à leur succès dans les entreprises.
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