Par Vincent Videlaine, responsable de la gestion du stockage chez Symantec
Dans un contexte économique difficile, de fortes pressions s’exercent sur les départements informatiques pour qu’ils réduisent les coûts tout en assurant le bon fonctionnement du datacenter, tâche de plus en plus complexe au fil du temps en raison des fusions et changements qui se succèdent, de la virtualisation qui s’intensifie et des volumes de données sans cesse croissants.
Étant naturellement peu enclines à engager des dépenses sauf en cas d’extrême nécessité, les entreprises ont restreint ou différé des achats d’équipements informatiques qui, dans un autre contexte, auraient été effectués dans le cadre des frais d’entretien courants. Les prévisions varient beaucoup en ce qui concerne la portée et la durée de toute récession, mais il est clair que les budgets 2009/2010 sont pour le moins incertains.
La plupart des départements informatiques chercheront à optimiser les systèmes existants et prolonger leur durée de vie. Heureusement, bon nombre d’entre eux ont au moins 50 % de capacité de stockage disponible pour faire face aux besoins à court terme. De plus, de nombreuses technologies permettent d’optimiser les systèmes existants.
Gestion du stockage : un domaine négligé
En période de croissance économique, les entreprises sont tentées de prendre des raccourcis pour résoudre les problèmes de gestion du stockage. Le coût de l’extension de la capacité de stockage est relativement faible et peut être absorbé par le budget. Cela dit, s’il permet d’accélérer la réalisation d’un projet, ce type de raccourci aboutit à une sous-utilisation des ressources de stockage. De nombreuses entreprises n’utilisent que 30 à 40 % de leur capacité de stockage disponible. Selon InfoPro, le taux d’utilisation moyen est de 35 %.
L’attribution correcte de ressources de stockage est difficile car les informations requises pour évaluer le taux de croissance des données sont incomplètes ou indisponibles. Il en résulte un manque de corrélation entre les ressources de stockage attribuées et la consommation. Pour les nouvelles applications, dépourvues de données historiques, les ressources de stockage sont attribuées sur la base des hypothèses les plus probables. Si la capacité attribuée est trop élevée, l’excédent risque d’être inexploité tout au long de la durée de vie du support de stockage.
Les dépenses inutiles sont la principale conséquence d’une négligence bénigne. Utiliser 50 % de la capacité d’une baie de disques revient à payer le double du prix de la capacité de stockage nécessaire. La capacité inutilisée consomme de l’énergie, augmente les coûts de refroidissement, occupe inutilement de l’espace au sol et participe aux frais de maintenance sans le moindre retour sur investissement. De plus, elle augmente inutilement le coût des licences des logiciels de gestion du stockage, qui sont généralement basées sur la capacité totale (brute), pas la capacité utilisée.
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Gestion du stockage : redressement de la situation
Pour mieux utiliser leurs ressources de stockage, les entreprises peuvent s’appuyer sur des logiciels de gestion du stockage. Par exemple, les outils de gestion des ressources de stockage (SRM) permettent de parcourir l’environnement de stockage et d’identifier les données anciennes ou non critiques pouvant être transférées vers des supports de stockage moins coûteux. Avec ces outils, il est également possible de prévoir la capacité requise.
Gérer le stockage sans outil de SRM revient à voyager sans carte. Un plan et un objectif clairs sont indispensables avant de passer à l’action pour progresser rapidement et arriver à bon port. Les administrateurs de systèmes de stockage doivent se poser certaines questions avant de réduire les coûts :
• Quel est le taux d’utilisation moyen ?
• Quel est le taux d’utilisation par application ?
• Quelles sont les applications dont les besoins augmentent le plus rapidement et le plus lentement ?
Une technologie de gestion des ressources de stockage permet d’évaluer la situation et d’avoir une vue d’ensemble de l’environnement de stockage pour cerner les problèmes, identifier les possibilités de regroupement et créer une liste des solutions prioritaires.
Il est en outre possible d’avoir recours au « thin provisioning » pour mieux exploiter la capacité de stockage disponible. Les ressources de stockage sont attribuées aux applications de manière dynamique en fonction des besoins, d’où un taux d’utilisation supérieur.
Le « thin provisioning » améliore le taux d’utilisation de la capacité existante en permettant aux applications de partager un groupe de ressources de stockage disponibles ce qui réduit la capacité nécessaire pour chaque application
Le « thin provisioning » élimine également les conjectures lors de la mise à disposition de nouvelles applications car celles appelées à croître rapidement accèdent plus vite à l’espace requis, tandis que les applications à la croissance plus lente n’immobilisent pas l’espace vacant.
Il réduit en outre les dépenses d’investissement car il nécessite moins de capacité de stockage initiale qu’un environnement classique et assure l’attribution « juste à temps » des ressources de stockage.
Déduplication de données : ne stockez pas les données redondantes
La déduplication de données est une autre technologie largement reconnue pour sa capacité à rationaliser le processus de sauvegarde. Elle élimine les données doublon ce qui réduit considérablement leur effet multiplicateur.
Par exemple, si une présentation Microsoft PowerPoint est stockée plusieurs fois sur différents serveurs de fichiers, la déduplication assure le stockage d’un seul exemplaire de la présentation, indépendamment du nombre de sauvegardes totales ou incrémentielles. Les entreprises peuvent envisager l’utilisation d’appliance offrant des fonctions de sauvegarde sur disque et de déduplication. Ceux-ci augmentent toutefois le nombre de systèmes à gérer dans le datacenter, et donc sa complexité. De plus, ils ajoutent de la capacité à l’environnement au lieu d’utiliser plus efficacement ce qui existe déjà.
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Archivage de données : adieu l’obsolescence
Le « thin provisioning » et la déduplication de données sont des stratégies qui permettent de réduire le taux de croissance et la consommation d’espace des nouvelles données ou de trouver des moyens plus efficaces pour les conserver et les protéger. Ces stratégies doivent être associées à une gestion efficace des moyens de stockage pour tirer pleinement parti des ressources existantes. Les données non structurées sont celles qui contiennent le plus de données inutiles et obsolètes.
Le problème des données non structurées est aujourd’hui principalement lié au courrier électronique, première cible pour la réduction des données par l’archivage. Le groupe Radicati a estimé la hausse du volume des messages électroniques à 30 % entre 2006 et 2010. Les coûts des produits de stockage continuent à baisser, mais le courrier électronique est souvent stocké en plusieurs endroits : sur le serveur de messagerie, le PC de l’utilisateur, dans un fichier Microsoft Exchange ou IBM Lotus No
tes, sur des serveurs de fichiers, dans SharePoint et dans des sauvegardes. Cette consommation excessive de l’espace de stockage aboutit à une augmentation proportionnelle des coûts d’électricité et de refroidissement.
Dans tous les secteurs d’activité, y compris le secteur public, il est demandé aux informaticiens de traiter les problèmes de gestion courants associés aux messages électroniques et aux données non structurées, ce que couvre la gestion des ressources. Une technologie d’archivage en ligne peut être utilisée pour l’archivage d’anciens éléments transférés à partir du support de stockage principal d’une application conformément aux règles définies par l’entreprise. Elle permet également de réduire au maximum l’espace requis pour le stockage des données avec des fonctions avancées de stockage d’instances uniques et de compression.
En contrôlant la taille des messages stockés, les applications et serveurs qui les hébergent restent centrés sur les transactions en temps réel. L’archivage en ligne permet également aux entreprises de rationaliser leurs ressources de stockage et de n’utiliser le support de stockage principal que pour les données dynamiques et transactionnelles. Les données anciennes, rarement utilisées, peuvent être transférées vers un périphérique de stockage secondaire ou tertiaire pour générer des économies au profit de projets stratégiques.
Conclusion
En période de récession économique, les départements informatiques doivent prendre des mesures pour optimiser les ressources existantes. La gestion des ressources de stockage n’est plus un luxe, mais une nécessité. Cela dit, dans le contexte actuel, il est possible d’achever les projets en cours tout en mettant en place des processus, procédures et technologies simples pour améliorer le profil des coûts du stockage.