Les patrons de NetApp: ‘Nous ne sommes pas à vendre’

Depuis que Cisco Systems a dévoilé sa stratégie autour de ses serveurs lame et que Sun Microsystems a révélé son désir d’être racheté, les analystes et les fins observateurs de l’industrie IT ont mis en doute la viabilité du réseau de stockage émanant du pionnier NetApp et ont spéculé sur l’hypothèse que ce pourrait être la prochaine victime de la consolidation de l’industrie.

Le jour après l’annonce de son intention d’acquérir le spécialiste en matière de déduplication,  DataDomain, le CEO Dan Warmenhoven a bien voulu revenir pour Channel Insider sur la question de la viabilité de NetApp, en indiquant que la société a prévu de rester indépendant et d’accroitre ses capacités en matière de technologies de stockage.

Nous ne voyons aucune raison de modifier notre profil actuel”, a dit Warmenhoven devant un parterre de partenaires business et channel réunis à l’occasion du Campus NetApp décernant ses awards annuels en matière d’innovation. Il a ajouté “Nous pouvons continuer à construire  une importante entreprise de stockage et résoudre tous les problèmes de gestion des données. Chaque fois que je rencontre un client de taille, j’ai une question à propos de ce qu’il pourrait nous acheter. »

NetApp, qui a enregistré hier des gains supérieurs à ceux anticipés par Wall Street, mais qui continuent de décroitre année après année de 6%, possède 12% des parts du marché du stockage et est l’un des derniers « pure players » dans ce registre à être encore en activité. Warmenhoven, flanqué du vice-président Tom Mendoza, a déclaré que les conditions du marché ne sont pas de nature à autoriser quiconque au rachat de NetApp et que la société est bien placée pour atteindre son objectif ultime de recettes évalué à 10 milliards de dollars.

Mendoza a ajouté: « Nous pensons que nous pouvons faire plus dans le domaine du data center et la reprise de DataDomain fait partie intégrante de cette stratégie ».

Les dirigeants de NetApp ont réaffirmé les avantages stratégiques de l’acquisition de DataDomain, acteur spécialisé dans la technologie de déduplication et dans les systèmes tiers de stockage. Warmenhoven explique que DataDomain est plus en concurrence avec EMC et que de la sorte NetApp complète ses technologies de stockage NAS et SAN. En outre, il affirme que les deux entreprises ont une bonne complémentarité dans leur couverture du channel et pas beaucoup de chevauchements en matière de clientèles.
Une fois que l’acquisition sera achevée, NetApp prévoit de gérer DataDomain comme une ligne de produits séparée, tout comme sa gestion de l’innovation. 
   
NetApp est régulièrement la cible dans la Silicon Valley du sport spéculatif de l’acquisition et de la consolidation. Les prétendants possibles capables de s’emparer de cette société de stockage estimé à  4 milliards de dollars ont pour noms Cisco, Hewlett-Packard, IBM, EMC et Dell. Les rumeurs sont allées bon train et ont persisté pendant des années sur le fait que Cisco et NetApp étaient en discussions avancées pour que le premier s’empare du second, mais rien n’a jamais abouti à une offre sérieuse.

Warmenhoven a évoqué chacun des potentiels repreneurs:
    * EMC: c’est le moins probable des acquéreurs possibles selon Warmenhoven, puisque tout accord n’aurait probablement pas survécu aux vendeurs rivaux ou à l’examen de la réglementation antitrust.
    * Dell: Dell peut se contenter des produits acquis chez EqualLogic et Warmenhoven n’a pas une haute image du fabricant de PC, il dit  « sa capitalisation boursière n’est vraiment pas suffisante pour faire une acquisition de la taille de NetApp ».
    * IBM: IBM et NetApp ont bénéficié depuis plusieurs années d’une alliance forte, et IBM a eu accès à la technologie et aux chercheurs de NetApp. Alors que le volant de business stockage d’IBM a été en baisse de 20% par rapport l’année dernière, les ventes par Big Blue de produits NetApp sont elles à la hausse, selon Warmenhoven. Cette entreprise est saine et une tentative d’acquisition conduirait à la perturbation des bonnes relations que nous avons ensemble, a-t-il ajouté.
    * HP: Warmenhoven explique que le CEO d’HP Mark Hurd a récemment répondu à une interview qu’il était satisfait avec l’état actuel du business storage d’HP et qu’il pensait être en mesure de faire croitre ce business de manière organique, si nécessaire.
    * Cisco: Le géant des réseaux ne fait pas secret de son ambition de faire plus en matière de data center, et le stockage est un grand écart dans son portefeuille d’activités. Cisco a un partenariat à la fois avec EMC et NetApp dans le cadre de sa stratégie Data center, et Cisco est un gros partenaire revendeur de NetApp. Warmenhoven affirme que la cible principale pour Cisco c’est EMC, qui embarque avec lui le leader de la virtualization (VMware).

« Je doute EMC puisse acheter en raison du [gros] chiffre (ndr : à inscrire sur le chèque ) », a déclaré Mendoza. « Nous n’avons pas l’intention d’être achetés, et si nos actions ne sont pas en pleine forme c’est que l’ensemble du marché n’est pas au mieux. Nous pensons que notre cours peut être bien plus performant ».

Ce qui est critique pour les succès actuels et futurs de NetApp, c’est le channel et ses partenaires d’affaires, en particulier les grands intégrateurs en mesure de concevoir, mettre en œuvre et fournir du service autour de systèmes de stockage complexes. Warmenhoven crédite les partenaires de l’entreprise d’avoir su ouvrir un nombre record de nouveaux comptes au cours de la dernière année et il estime qu’ils vont continuer à stimuler la croissance.

Ce qui explique en partie le fait que le canal partenaires va prendre plus d’importance chez NetApp c’est la tendance relevée par Warmenhoven qui voit les utilisateurs finaux, notamment le mid market – s’éloigner de la vente directe et s’engager plus avant auprès de fournisseurs de solutions aptes à fournir des infrastructures hébergées de stockage.

« Si vous regardez tout autour du globe, explique Warmenhoven, les enterprises ne veulent pas s’engager dans l’acquisition de data centers et d’infrastructures de stockage. Elles désirent juste le service et envisager le stockage comme une dépense. »

Warmenhoven fait au passage l’éloge du travail accompli par le partenaire européen de NetApp, T-Systems, qui a remporté un contrat de cinq ans, assorti d’un engagement d’1 milliard d’euros, afin de prendre en charge les opérations de la Royal Dutch Shell. T-Systems est engagé dans le processus de migration des données et des applications de Shell vers son infrastructure, qui est normalisée en reposant sur les appliances de NetApp. Warmenhoven estime que l’infrastructure comme un service, à l’instar du modèle lancé en pionnier par T-Systems, va éventuellement dominer le marché du stockage dans les prochaines années.