Un an plus tard, c’est l’Estate Office de Chandigarh qui s’intéresse à son cas : coupable de pratiques malhonnêtes et d’un changement d’actionnaire illégal dans le cadre de la location à prix préférentiel de terrains dans une zone industrielle (ce que la loi locale interdit), la filiale indienne d’Esys perd le bénéfice du terrain promis et se voit infliger une lourde amende.
En 2008, la fermeture sans préavis de sa filiale australienne met dans l’embarras des revendeurs locaux, incapables de répondre aux demandes de garantie sur des moniteurs Chimei acquis auprès de celle-ci.
Dernièrement, c’est en Inde que la société fait de nouveau parler d’elle, où elle est impliquée selon le journal indien Financial Chronicle dans un imbroglio financier lié aux revenus de la société Teledata, cotée en bourse à Bombay et dont elle est une filiale. Comme à son habitude, la société refuse de répondre aux questions des journalistes, ce qui attire encore plus l’attention sur elle. Le Financial Chronicle met ainsi en doute l’authenticité d’une partie des revenus d’Esys Singapour, à hauteur de près d’un milliard de dollars, les comptes d’Esys n’ayant pas été audités depuis deux ans. En outre, selon le journal, Teledata consoliderait dans son chiffre d’affaires les revenus de structures d’Esys qu’elle ne possèderait pas.
En Europe, la société semble se réorganiser pour préparer l’avenir. Ainsi, les sites esysdistribution.com et esysglobal.com sont hors ligne depuis plusieurs mois, ce qui ne doit pas franchement l’aider à travailler. Celle-ci a rapatrié depuis quelques mois ses opérations belges et françaises aux Pays-Bas. Tout comme ses bureaux autrichien et italien (qui n’apparaissent plus sur les registres d’entreprises locaux), sa filiale polonaise a été fermée, tandis que les demandes de garantie sur les produits vendus dans le pays devaient être renvoyées à Ezy Infotech aux Pays-Bas. Et, comme par hasard et quelques semaines plus tard, un Ezy Infotech a été créé en Pologne. Ezy et Esys n’ont bien sûr officiellement aucun lien, selon le patron d’Esys Allemagne Mark Coplin, qui a par ailleurs refusé de répondre à nos questions.
On notera cependant qu’Ezy Infotech est la propriété (parmi d’autres sociétés comme Tradelabs, Strategybot ou Esys Global Dubaï) de Niraj Goel, le frère de Vikas Goel, fondateur d’Esys Distribution. Aux Pays-Bas, les deux sociétés sont situées dans la même ville, tandis qu’à Singapour, elles partagent les mêmes bureaux. Certainement totalement par hasard… Bien sûr, puisqu’Ezy n’a officiellement aucun lien avec Esys, elle ne devrait pas être touchée par les fraudes d’Esys. Cependant, le Bureau de Promotion des Investissements Etrangers Indien (FIPB) a rejeté une demande d’investissement d’Ezy Infotech, en raison des antécédents douteux des propriétaires de la société, et des soupçons majeurs de fraude à leur égard. L’avenir promet d’être intéressant…