Le cas est symbolique et a fait plonger un peu plus le cours de Wall Street déjà secoué par de très mauvaises statistiques et des annonces de licenciements en cascade : Nortel est au plus mal. L’équipementier télécoms mondialement connu, Nortel, vient officiellement de se mettre en faillite face à son incapacité à honorer le remboursement de ses créances. La firme a demandé, et logiquement obtenu, d’être placée sous la protection du Chapitre 11, qui lui permet de continuer à fonctionner (au ralenti) en attendant un petit miracle… Les filiales de Nortel sur le territoire américain ont déposé leur bilan devant un tribunal des faillites de l’état du Delaware, tandis que les filiales européennes et la maison mère canadienne devraient suivre. Une sorte de mise sous respiration artificielle pour un groupe que des rumeurs insistantes disaient depuis quelques semaines exsangue et dont l’action ne vaut quasiment plus rien (elle a fondu de 95% en moins d’un an).
Dans la douleur
Contrepartie au placement sous la protection du Chapitre 11 : Nortel va devoir restructurer massivement, tant au niveau des hommes qu’à celui de son endettement. Elle va pour l’heure continuer dans la douleur son activité, en demeurant sous la surveillance d’un comité représentant les intérêts des créanciers et des actionnaires. Il s’agira ensuite, très vite, de proposer un plan de sauvetage de l’activité économique de Nortel, en négociant avec les banques (ce qui, on l’admettra, ne sera pas une partie de plaisir) et en tentant de trouver une réponse à la dette abyssale qui l’étrangle depuis des mois (rien qu’en intérêts, la somme dépasserait les 100 millions de dollars !). Le plan devra recevoir la validation du tribunal compétent.
Pessimisme de rigueur
Chez différents analystes financiers, interrogés sur les principales chaines de télé en Amérique du Nord, on ne cachait pas son pessimisme quant aux possibilités de Nortel à rebondir. Ils ont expliqué que l’impact du plan de restructuration lancé en novembre, avec la suppression de 5% des effectifs (soit 1 300 postes) en plus des 4 000 licenciements déjà décidés depuis 2006, a été quasi nul. Certains pensent que le groupe ne pourra pas échapper à une vente par appartements. Reste à trouver des repreneurs, ce qui est loin d’être évident dans le contexte de marasme généralisé actuel. Les salariés de la firme, les actionnaires et les politiques des régions où est installé Nortel croisent les doigts pour qu’une solution miracle soit trouvée.