Plus rapide et moins gourmand…
La deuxième journée de la PDC2008 (Professional Developers Conference) fut riche en annonces. Lors de sa (seconde) keynote, Ray Ozzie, chief software architect chez Microsoft, a présenté le futur de l’offre desktop de l’éditeur. La stratégie de la compagnie consiste à rapprocher le PC, le téléphone et Internet.
Le développement de Windows 7 était sans conteste le sujet le plus attendu de cette keynote. Premier constat, Microsoft est bien moins ambitieux que lors du développement de Windows Vista. Certes, Windows 7 proposera tout un lot de nouvelles fonctionnalités, mais c’est bien sur l’architecture interne de l’OS que la compagnie concentre ses efforts.
Plus rapide et moins gourmand
Windows 7 sera basé sur le même noyau que Windows Vista et Windows Server 2008. Une valeur sûre. La compagnie prévient toutefois que ce système consommera moins de mémoire, moins d’énergie et effectuera moins d’accès disque. La vitesse et les temps de réponse seront également en hausse. Enfin, Windows 7 pourra supporter jusqu’à 256 processeurs (ou cœurs ?).
C’est un changement de stratégie important pour la société. Ce système pourrait ainsi fonctionner sur des netbooks pourvus d’un processeur cadencé à 1 GHz et de 1 Go de mémoire. L’éditeur se gardera toutefois bien de nous faire une démonstration sur ce type de machine.
Nous avons voulu vérifier les dires de Microsoft en installant la build 6801 de Windows 7 Ultimate dans VMware. La firme semble effectivement avoir optimisé le code de son OS. Notez que la plupart des composants sont présents : Internet Explorer 8 bêta, Windows Media Player 12…
Les temps de démarrage et d’extinction sont comparables à ceux de Windows Vista. Le système est toutefois réactif dès la connexion de l’utilisateur. En fait, il se montre globalement un peu plus réactif que Windows Vista (utilisé sur la même machine, mais sans virtualisation). Enfin, la consommation mémoire à vide (avec Internet Explorer) est environ 25 % plus réduite. L’explorateur de fichiers consomme près de moitié moins de mémoire que la version livrée avec Windows Vista. Même constat pour le gestionnaire de fenêtres.
Bonne nouvelle, l’UAC (User Account Control) est – sur demande – moins intrusif.
De nouvelles fonctionnalités
Passée cette première bonne surprise, nous avons pu découvrir les nouvelles fonctionnalités de cet OS. Tout d’abord, les icônes des applications et des fenêtres sont regroupées. Un clic sur l’icône de Word permet de voir les fenêtres ouvertes, d’en ouvrir de nouvelles, de les manipuler, d’afficher la liste des documents récemment utilisés, etc.
Les gadgets de Windows sont transformés. Vous pouvez maintenant les déposer directement sur le bureau. Le volet Windows, qui occupait une surface assez importante, disparaît donc totalement. C’est une avancée en terme d’ergonomie.
L’espace de notification peut également être personnalisé directement… sans passage par une lourde fenêtre de configuration. Enfin, le gestionnaire de fenêtres est plus puissant, avec des fonctions permettant de coller une fenêtre au bord de l’écran.
Le gestionnaire de fichiers est la partie qui évolue le plus. Il intègre ainsi le concept de libraires. Ces dernières référencent des documents présents physiquement – ou pas – sur la machine. Ce système liste par exemple les documents situés sur des disques externes, ou disponibles sur d’autres ordinateurs. Le tout est livré avec une fonction de recherche de fichiers, simple et efficace. Le partage des documents et la définition de groupes d’utilisateurs réseau sont également refondus, permettant un usage très simple de ce type de fonctionnalité. Il est possible de créer des réseaux privés d’utilisateurs, sans procédures lourdes (par exemple, la mise en place manuelle d’un VPN).
Dans le domaine des groupes de travail, le système d’exploitation est plus intelligent. Avec un ordinateur portable, si vous utilisez une imprimante au travail et une autre à la maison, Windows 7 s’adaptera aux déplacements de la machine, en modifiant le nom de l’imprimante par défaut. Simple et pratique.
Un brin de Surface
La gestion des écrans tactiles est entièrement revue, avec un support du multitouch. Zoom, rotations et défilement de pages deviennent plus intuitifs. Le système fournit tout un lot de mouvements permettant d’effectuer diverses actions. Windows 7 se rapproche ainsi (dangereusement ?) de Surface.
L’espace entre les éléments de l’interface utilisateur est plus important, ce qui permet de manipuler le système… avec les doigts. Enfin, le clavier virtuel est moins intrusif et apparait à des endroits stratégiques (par exemple, près de la fenêtre de saisie sur laquelle vous pointez votre doigt).
Nous avons pu découvrir une application d’Autocad, entièrement pilotée de façon tactile. Impressionnante et novatrice, elle préfigure des applications de demain.
Du neuf pour les professionnels
Le support des disques durs virtuels au format VHD est la nouveauté qui permettra probablement de remporter les suffrages des professionnels. Windows 7 peut les créer, les manipuler et même les utiliser. Mieux, le gestionnaire de démarrage est capable de lancer directement (et sans virtualisation) un système d’exploitation installé au sein d’une image VHD.
Voici quelques autres fonctionnalités avancées qui pourraient intéresser les professionnels. La technologie de chiffrement des disques durs BitLocker est intégrée en standard et permet de chiffrer des unités extractibles (clés USB, cartes mémoire, etc.). Le client RDP (Remote Desktop Protocol) supporte les affichages distants multi écrans. Dans ce domaine, la gestion des configurations comprenant plusieurs écrans est plus facile, une simple combinaison de touches permettant de passer d’un profil à un autre. Les utilisateurs d’ordinateurs portables vont apprécier.
Rapprocher PC, téléphone et Internet
Microsoft voit Windows 7 comme une plate-forme de base pour des applications web évoluées. Ce dernier pourra ainsi être livré avec Windows Live Essentials ou Windows Live Services. Il s’agit d’un ensemble d’applications destinées au web (Live Messenger, Live Mail, etc.).
À priori (Microsoft n’a pas été très précis sur ce sujet), le premier pack fournit des applications desktop, alors que le second offrirait aussi des alternatives utilisables directement au sein du navigateur web de la machine. Notez que Windows Live Essentials est aujourd’hui disponible en version bêta.
Concernant la téléphonie, un panneau spécifique, assez similaire au centre de mobilité de Windows Vista, fait son apparition. Il regroupe toutes les actions liées à votre téléphone mobile.
Et les développeurs ?
Microsoft a dédié un blog (http://blogs.msdn.com/e7/) au développement de Windows 7. Lors de la PDC2008, la compagnie a aussi diffusé une version prébêta d’un kit de développement pour .Net 3.5 SP1 et Windows 7. Il permet d’accéder à toutes les nouvelles fonctions de cet OS, comme les bandeaux, les librairies de documents ou le multitouch.
Il offre aussi de profiter des nouvelles fonctions de DirectX, qui n’est plus cantonné à la seule 3D, mais pourra être utilisé pour les animations, le rendu graphique, et bi
en d’autres choses. Enfin, le PowerShell 2.0 est intégré en standard dans Windows 7, avec un éditeur de scripts puissant et pratique.
Les responsables de Microsoft donnent quelques conseils aux développeurs. Premièrement, l’utilisation du kit de développement dédié à Windows 7 est conseillée. Il est également recommandé de programmer pour la version 64 bits de l’OS, la compagnie souhaitant visiblement mettre en avant cette mouture. Enfin, Microsoft demande aux développeurs d’optimiser eux aussi leurs logiciels, en suivant si possible les critères retenus par l’éditeur de Redmond.
La version de Windows 7 que nous avons testée n’est qu’une prébêta. La mouture bêta comprendra l’ensemble des fonctionnalités attendues pour cet OS. Elle devrait être disponible début 2009. Aucune date n’a été avancée pour la RTM (Release To Manufacturing) de Windows 7. Elle devrait toutefois être disponible fin 2009.
In fine, cet OS nous a convaincus. Dans la lignée de Windows Vista, il ne déroutera pas les utilisateurs. Il gomme toutefois le défaut principal de ce dernier ; sa consommation trop importante de ressources. La gestion des réseaux d’utilisateurs et le multitouch sont deux nouveautés bien senties. Elles apportent une bouffée d’air frais au monde Windows, ce qui pourrait pousser certains clients à franchir le pas.
Publié initialement sur Silicon.fr, le 29/10/08
www.silicon.fr/fr/news/2008/10/29/dossier_pdc2008___microsoft_devoile_windows_7_