Je ne suis pas un « early adopter ». J’ai tendance à envisager avec suspicion tous les nouveaux gadgets qui nous promettent de changer notre vie de dizaines de manières différentes.
Pour vous donner quelques exemples :
Je me suis longtemps interrogé sur la nécessité pour Windows d’avoir une machine puissante.
J’ai sans doute été l’un des derniers que vous connaissez à prendre un téléphone portable.
J’ai remplacé mon magnétoscope par un lecteur de DVD bien longtemps après que tout le monde en ait fait autant.
Je ne suis pas contre le changement. Ma résistance aux nouveaux gadgets doit être lié à la notion de confort, mais cela a sans doute plutôt à voir avec mon inclinaison naturelle à questionner absolument tout. C’est possiblement ennuyeux pour les autres, je l’admets.
Dans cette perspective, ces dernières semaines, je me suis interrogé sur les revendeurs à valeur ajoutée qui ont résisté jusqu’ici à la vague des services managés. Ayant couvert pour mon magazine ces services au cours des trois dernières années, je me suis fait beaucoup de contacts dans ce secteur, au point de croire quasiment que tout le monde dans le Channel est impliqué ou engagé de près ou de loin dans les services managés…
Mais il y a quelques semaines j’ai commencé à interroger diverses personnes afin d’estimer combien de firmes du Channel faisaient en réalité appel aux services managés. Les estimations varient grandement, de 20% à 75% !
L’estimation la plus haute est venue d’Arnie Bellini, CEO du fournisseur de logiciels d’automatisation Connectwise.
A.Bellini estime qu’environ un tiers de ce 75 pour cent est très attaché aux services managés et, par conséquent, qu’ils s’exécutent correctement. Le reste se compose de sociétés présentant des niveaux variables d’engagement pour le modèle, de ceux qui ont seulement investi dans la surveillance à distance et dans un outil de gestion qui prend la poussière à ceux qui sont en train de transformer en profondeur les process de l’entreprise à la lumière apportée par ces outils.
Peter Sandiford, le CEO de Level Platforms, estime que près de 10 000 fournisseurs de solutions utilisent le remote monitoring et la technologie managée, qu’elle soit en provenance de son entreprise ou de ses concurrents. Sur la base de 50 000 entreprises constituant le Channel aux États-Unis, 10 000 cela fait donc 20% de l’ensemble.
Pourquoi un écart aussi énorme en apparence entre les deux ? La définition même du terme « services managés », et son flou intrinsèque, joue certainement un rôle. En outre, certaines entreprises du Channel ont recours à des solutions de remote monitoring et de gestion managés que Sandiford ne considère pas comme faisant partie de ses concurrents.
En tout état de cause, si l’on considère le nombre d’entreprises établi par Bellini face au modèle de Sandiford, ils ne sont pas aussi éloignés que cela. Et au-delà de ce qui a pu passer pour une question intrigante, j’étais finalement plus curieux de savoir pourquoi au bout de cinq ans, au cours desquels les services managés ont bénéficié d’un tel battage médiatique, il n’y a pas eu plus d’entreprises du Channel à avoir adopté le modèle. Pour quel motif certaines personnes ont su résister. Bien sûr cette question a un biais, mais s’il est vrai que les services managés offrent des avantages substantiels tels que des flux de trésorerie stables pour les fournisseurs et de meilleures performances pour les clients IT, pourquoi dès lors toutes les entreprises du secteur ne se sont-elles pas précipiter pour s’en emparer ?
Doug Neumetzger, patron d’une société de services basée à Palisade Vale River, NJ, explique que quand il s’est penché sur la question des services managés il y a plus d’un an, il a rapidement conclu que l’investissement de départ est trop élevé. « Il peut être difficile de transmettre [aux clients] comment une dynamique d’investissement initial sera potentiellement susceptible de leur éviter des coûts plus élevés tout au long du chemin», affirme D.Neumetzger, qui n’a néanmoins pas totalement exclu de basculer un jour dans les services managés.
Il ne fait aucun doute que d’autres VARs sont arrivés à la même conclusion. Pour eux, une solution d’hébergement qui élimine la nécessité d’un gros investissement de départ pourrait être une porte vers ces services. Mais elles jugent toutefois qu’une telle solution peut donner trop de contrôle sur leurs données aux tiers hébergeant.
Mis à part les questions de contrôle et d’enveloppe de l’investissement à consentir, je soupçonne de nombreux revendeurs à valeur ajoutée d’avoir la même résistance aux services managés que moi face aux nouveaux gadgets. En gros, on pourrait résumer ainsi : « Si vous savez comment lire une carte, pourquoi utiliseriez-vous un GPS ? »
J’ai utilisé un GPS pour la première fois la semaine dernière. Je l’ai testé sur une route que j’emprunte au moins une fois par semaine. J’ai continué tout au long du chemin d’ignorer ses orientations, et le GPS n’a pas cessé de recalculer l’itinéraire. Lorsque j’étais, comme d’habitude, sur le point de prendre à gauche, moins de deux kilomètres avant ce virage, le GPS m’a conseillé de prendre immédiatement à droite. Et vous vous demandez pourquoi je suis sceptique ?
Pedro Pereira est éditeur chez eWEEK USA.
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