Sur un petit nuage
Elle est donc longue la liste des acteurs IT et du monde l’eBusiness qui, séduits par les promesses financières du cloud computing, se sont précipités dessus. Et même si Dell dit posséder le nom même de « Cloud Computing » et a fait un dépôt de nom en conséquence, le concept est le même pour tous. On pourrait presque dire qu’il était dans l’air…
En tous cas les appétits sont soudain plus acérés dans ce domaine, sans suite à l’étude récente du cabinet Gartner qui indiquait que ce marché représentait au bas mot 5 milliards de dollars de dépenses pour les entreprises clientes et 5% du marché de l’externalisation des centres de données.
Mais c’est quoi exactement le Cloud Computing ?
Le cloud computing fait référence à l’utilisation conjointe de la mémoire et des capacités de calcul des ordinateurs et des serveurs répartis dans le monde entier, et liés par un réseau, en général Internet (héritier du grid computing et autre forme du Software As A Service).
Dans le Cloud Computing, les utilisateurs ne sont pas propriétaires de leurs serveurs mais en compensation peuvent à de nombreux services en ligne, de manière évolutive, sans avoir à gérer l’infrastructure sous-jacente. Physiquement, données et applications ne se trouvent plus stockés « en local », mais dans un nuage (Cloud). Belle métaphore… Ce nuage se compose d’un nombre plus ou moins grand de serveurs distants interconnectés. Entre eux la bande passante doit être exceptionnelle pour assurer une bonne fluidité à l’ensemble. Pour accéder aux services offerts par le Cloud, un simple navigateur Web peut théoriquement suffire.
Les plus grands sont là
Ils s’appellent Intel, HP et Yahoo. Ces trois acteurs majeurs du monde IT ont décidé d’y aller ensemble, de combiner leurs efforts pour la construction d’un immense réseau nuageux. La cible initiale : les chercheurs et les gouvernements. Mais bien d’autres applications sont en ligne de mire…
Intel, HP et Yahoo vont construire aux côtés de l’Université de l’Illinois (USA), du Singapore Infocomm Development Authority (Singapour) et du Karlsruhe Institute of Technology (Allemagne), l’un des plus grands systèmes « en nuages » qui ait jamais été constitué. Il contiendra plusieurs dizaines de milliers de cœurs de traitement : chacun des groupes sera responsable du pilotage et de la maintenance d’une part de l’ensemble, susceptible de s’étendre jusqu’à 4 000 cœurs battant de concert. ! Le tout sera déployé sur Yahoo Apache Hadoop.
Le but de la manœuvre : fournir aux étudiants et aux chercheurs universitaires l’opportunité de travailler à très grande échelle (sans les coûts d’infrastructures qui vont nécessairement avec). Andrew Chien, directeur de la recherche chez Intel, a déclaré que ce nouveau projet permettra également d’étudier la maintenance et la construction de systèmes de nuages. Il explique : « La recherche Google / IBM est focalisée sur l’aspect applicatif de cette technologie. Je pense que nous pouvons explorer un espace encore plus vaste dans notre environnement de test ».
Google & IBM pas en reste
Les deux géants parlons-en. Eux aussi, dès le début du mois d’août ont révélé un projet pour le moins gigantesque. Après avoir déjà signé lui aussi avec six universités américaines et avec Google, Big Blue a annoncé qu’il allait « mettre le paquet » dans le Cloud Computing. Il va investir pas moins de 360 M$ dans un datacenter à Raleigh avant de construire un second à Tokyo pour au moins 100 M$ sur 3 ans. Le premier est dédié aux offres d’informatique hébergée, tandis que le second sera un centre de traitements.
Ces deux centres s’ajoutent en fait au réseau qu’IBM avait commencé à mettre en place dans le monde entier. Rappelons qu’en octobre 2007 déjà Big Blue avait annoncé sa collaboration avec Google en mettant à disposition de six universités US (Carnegie Mellon, MIT, Standford, Berkeley et les Universités du Maryland et de Washington) de nouveaux moyens informatiques connectés et colossaux.
La particularité de l’immense Datacenter en début de construction au Research Triangle Park près de Raleigh ? Il fera appel à la dernière génération de technologies en date afin d’associer à la recherche de puissance une autre recherche tout à fait dans l’air du temps (c’est le cas de le dire) : la préservation de la nature. Comment ? Par une réduction substantielle de la consommation d’énergie. Big Blue a même affirmé que ce nouveau Datacenter serait au moins 50% plus efficace que ses prédécesseurs, toujours actifs en ce moment. En outre, le DC sera installé dans un « vieux » bâtiment recyclé et réaménagé, pour limiter un peu plus encore l’impact environnemental.
Interconnecté avec le DC de Raleigh, ainsi qu’avec sept autres centres d’IBM dans le monde, le second datacenter tokyoïte aura pour mission l’accompagnement des clients d’IBM dans la migration vers le Cloud Computing. Il offrira également de sa puissance à Sogeti, à la ville chinoise de Wuxi ainsi qu’au gouvernement vietnamien.
AT&T à son tour dans les nuages
AT&T se lance dans la course du « cloud computing » avec sa plate-forme d’hébergement à la demande sur des serveurs virtualisés, Synaptic Hosting.
Par Sophie Hautcoeur (VNUNET France)
AT&T lance son offre de « cloud computing ». C’est sous le nom de Synaptic Hosting que le géant des télécommunications ouvre sa plate-forme informatique à la demande de services réseau, stockage et sécurité, aux entreprises. Si les applications à la demande et les services d’AT&T sont assurées sur des serveurs virtualisés, le réseau et les centres de données sont bien réels.
AT&T a investi un milliard de dollars dans des technologies acquises auprès d’USInternetworking (USi) et dans cinq « super-IDC » (Internet Data Center – centre de données Internet). Déployés en Europe, en Asie et aux Etats-Unis, ils viennent compléter la collection d’IDC d’AT&T qui dispose d’un total de trente-huit data centers au service du réseau IP mondial de l’opérateur. Les cinq super IDC viendront soutenir les applications comme de grandes passerelles régionales pour le « nuage » réseau d’AT&T.
« Cette offre apportera davantage de souplesse, de performances et d’économie« , annonce l’entreprise des télécoms dans un communiqué pour le lancement de Synaptic Hosting. Les sociétés qui souscriront à l’offre d’hébergement ne paieront que pour la capacité qu’elles utiliseront chaque jour. Sans doute idéal pour les activités saisonnières, temporaires ou imprévisibles.
L’article dans sa globalité ici : (VNUNET/article)
Dell revendique la paternité
Un terme générique que « Cloud Computing » ? Pas du tout, rétorque Dell qui a demandé à l’USPTO, l’organisme américain en charge de l’enregistrement des brevets, de lui accorder la paternité du terme.
Bien qu’il soit déjà un peu galvaudé et qu’il recouvre parfois des concepts et des réalités technologiques bien différentes, le ‘Cloud Computing’ est un gros enjeu financier. Etre propriétaire de l’expression même peut donc représenter un avantage évident sur un marché hautement concurrentiel, où les plus « gros » auront le dernier mot…
Voilà pourquoi, le site Web de l’USPTO fait-il état d’une demande de la firme Dell qui définit le « Cloud Computing » ou l’informatique dans les nuages. Mais cette définition est pour le moins vague. Il est question de procédé de personnalisation du matériel informatique pour un usage au sein de centres serveu
rs ou bien comme un moyen de créer un environnement informatique propre à monter rapidement et largement en puissance.
Ce qui est plus étonnant c’est que l’USPTO a accepté sans broncher, ou presque, cette définition, par l’émission d’une « notice of allowance ». Cela ne signifie pas pour autant que son jugement final sera positif pour Dell, mais cela a pour objet de rendre publique la demande, afin de permettre à des tiers de formuler des objections… Et nul doute qu’ils pourraient être nombreux !
Cela dit, sans contestation, la voie serait grande ouverte pour une pleine acceptation de l’US Patent and Trademark Office (l’équivalent de l’INPI aux USA). La conséquence d’une telle acceptation potentielle : les Amazon, Microsoft, Google, AT&T, HP et IBM, pour ne citer qu’eux, qui utilisent à longueur de communiqué cette expression devrait en trouver une autre… Ce serait sans doute dommage, car il est rare de trouver une expression aussi poétique pour traduire des réalités informatiques aussi prosaïques, fussent-elles porteuses d’espoirs et de progrès.