Microsoft, tout le monde connait. On les aime, on les déteste, mais on ne peut pas vraiment faire sans, en tout cas pas encore… Bien sur, les utilisateurs de Mac ou les fans de Linux vous diront qu’on peut très bien s’en passer aujourd’hui, mais bon, avec des parts de marché qui vont de 70 % à 95 % suivant les pays, ceux qui n’aiment pas la firme ou ses logiciels vont devoir s’armer d’un peu de patience !
A la fois entrepreneur et éditeur de logiciels depuis 1983, ce départ du fondateur de Microsoft a pour moi valeur de symbole: Start-up ultime née de rien et arrivée à tout, 2 salariés au départ, plus de 60.000 aujourd’hui, pas une année ne s’est passée sans que les choix opérés par Microsoft ne viennent influer sur l’évolution de nos logiciels, parfois en bien en nous poussant à créer et à inventer, parfois en mal en stérilisant l’innovation et la concurrence…
Alors, maintenant qu’il est parti, on en pense quoi de Bill ? On prend modèle sur lui ou on rejoint la longue cohorte de ses adversaires ? Sans Microsoft et son fondateur, le monde aurait-il été meilleur ?
C’est vrai que Steve Jobs avec ses cols roulés a l’air plus sympa que Bill, et qu’un Mac portable ou un Ipod, c’est tout de même plus cool et plus agréable à posséder qu’un PC Windows livré avec son costume cravate ! J’ai beaucoup d’admiration pour Steve Jobs, mais le jeu qui consiste à l’opposer systématiquement à Bill Gates (avec Steve dans le rôle du bon et Bill dans le rôle de la brute) me semble très artificiel. Après tout, Apple n’est pas l’Armée du Salut, les produits sont encore plus fermés à l’intervention des utilisateurs que ceux de Microsoft, et leurs prix de vente les destinent à une clientèle privilégiée, prête à payer pour du style et de la simplicité…
Si on laisse de côté pour quelques instants l’image et le marketing, et qu’on se consacre à l’essentiel, à savoir donner accès aux nouvelles technologies pour le plus grand nombre, qu’il s’agisse des pays industrialisés ou en voie de développement, il faut bien reconnaitre que c’est Microsoft le gagnant toutes catégories confondues sur ce chapitre !
Pour réussir à ce niveau, Bill Gates a su innover, imaginer, développer, commercialiser, s’entourer, mais ses détracteurs ne manqueront pas de rappeler qu’il a su aussi copier, exaspérer, imposer et dominer avec une mauvaise foi confondante et des méthodes qui font parfois penser au Far West…
Face à cette réputation controversée la fondation qu’il a créée avec sa femme Melinda vient rebattre les cartes de façon significative. Dans la grande tradition du capitalisme américain qui génère le pire et le meilleur, il faut reconnaitre ce qui est et ne pas bouder son plaisir : ce n’est pas tous les jours qu’un patron richissime investit (avec l’aide d’un autre tycoon Warren Buffet) la modique somme de 67 Milliards de $ pour la santé et l’éducation, un montant supérieur au chiffre d’affaires d’EADS…. Avant de critiquer les choix d’investissement de la fondation ou de se méfier de la conversion tardive de Bill Gates à la philanthropie, il faut sans arrière penser admirer une démarche unique par son ampleur et son impact…
L’époque a changé et le futur du logiciel n’appartient plus forcément à Microsoft, mais pour ce qui concerne Bill Gates, il n’est pas nécessaire de l’aimer, de l’imiter ou de prendre exemple sur lui pour simplement saluer le parcours exceptionnel d’un dirigeant qui nous rappelle à point nommé que l’entreprise est faite par des hommes et des femmes, et certainement pas par des business plans…
Bruno Vanryb, PDG d’Avanquest Software, retrouvez son blog à cette adresse: http://leconomiereelle.blogs.challenges.fr/